Roman de Marie Laberge.
Patrice, policier français, et Vicky, inspectrice québécoise, travaillent dans une équipe spécialisée dans les dossiers classés. Ils sont sollicités par Jasmin Tremblay qui est convaincu que son patron, Paul, est innocent : enfermé depuis 22 ans, il n’a pas pu tuer sa mère adoptive qu’il adorait. Patrice et Vicky se rendent à Sainte-Rose-du-Nord pour comprendre ce qui s’est passé, qui a pu tuer Émilienne, dévaster sa collection de poupées et laisser un possible innocent en prison pendant si longtemps. « Paul va sortir de prison dans très peu de temps. Pourquoi se mettre à chercher le meurtrier tout à coup ? Qu’est-ce qui presse tant ? » (p. 65) Dans cette petite ville, il y a bien des secrets inavouables qui tournent autour du clergé. « Toute l’Église est une horreur et un foyer malsain où les criminels peuvent violer des femmes pour les confesser ensuite. De leurs péchés à eux ! » (p. 110) Les coupables sont nombreux et Paul n’est manifestement pas du nombre. Il y a bien des vérités à révéler et des victimes à sauver. « Quand on déterre des secrets de famille, Patrice, on n’y va pas avec une pelle mécanique. » (p. 81)
Je ne m’attendais pas à lire une enquête policière. Manque de bol, c’est bien la forme de ce roman et je ne suis toujours pas plus friande de ce genre littéraire. J’ai fini ma lecture pour le plaisir d’une immersion au Québec, pays cher à mon cœur. Je connais un peu le puissant mouvement anticlérical qui existe dans ce pays et qui fait suite à des siècles de domination religieuse sur la société. L’intrigue s’inscrit dans cette histoire sociale et tire à boulets rouges sur une Église qui ne compte plus les scandales sexuels de ses ministres. Sujet délicat s’il en est. L’auteure s’en tire plutôt bien et renoue avec des héros qu’elle a déjà mis en scène dans un roman précédent. Je doute de garder un souvenir marqué de cette lecture : de Marie Laberge, je préfère les romans qui ne sont pas policiers, comme Ceux qui restent, magnifique chronique à plusieurs voix autour d’un suicidé.