Dans la petite ville norvégienne de Berlewaag, Martine et Philippa, deux vieilles sœurs célibataires, vivent frugalement et pieusement en respectant la mémoire de leur défunt père, pasteur de la communauté. Leur bonne à tout faire, Babette, est une communarde qui a fui la France et a su s’imposer en douceur dans le ménage. La maison est bien tenue et personne ne peut rien lui reprocher, si ce n’est de ne pas parler très bien norvégien. Un jour, elle apprend qu’elle a gagné dix mille francs à la loterie. Elle offre à ses maîtresses de servir un somptueux dîner français pour l’anniversaire de leur père. « Non, non ! Babette ! Comment pouvez-vous vous figurer pareille chose? Croyez-vous donc que nous vous permettrons de dilapider votre précieux trésor en nourriture et en boissons et, de plus, à notre avantage ? Non, Babette, c’est impossible. Babette fit un pas en avant, et ce mouvement eut la soudaineté et la violence d’une vague qui se dresse, formidable et menaçante. S’était-elle avancée de la même manière en 1871 pour planter le drapeau rouge sur une barricade ? » Babette est bien décidée à user de son pécule comme il lui chante ! Les nombreux invités des deux sœurs se régalent alors d’un repas à nulle autre pareil, digne des meilleurs restaurants français. Et pour Babette, ce festin ravive les souvenirs de sa vie française et de ses talents culinaires.
Élevée au rang d’art, voire de manifeste, la cuisine n’a pas ici pour but de rassasier, mais bien de séduire et d’envoûter. On voudrait être attablé avec les convives pour goûter les vins extraordinaires, l’étonnante soupe de tortue ou les cailles en sarcophage.
J’avais peu apprécié La ferme africaine de Karen Blixen, mais j’ai passé un très bon moment avec la bonne française et ses casseroles. Quant aux autres textes du recueil, je ne les ai pas lus. Et à ceux que ça dérange, j’invoque du droit du lecteur tels que les a écrits Daniel Pennac. Et puis c’est tout !