En 1908, dans le sud de la France, le garçon se retrouve orphelin. Celle qui était sa mère est morte. Où aller désormais ? « Il sait qu’il se trouve d’autres hommes sur terre mais il n’a pas idée de leur nombre. » (p. 31) Le garçon quitte sa masure et son isolement pour se frotter au vaste monde. Il ne le connaît pas. Il veut tout apprendre. Devenir un homme. « Ce qu’il va gravir maintenant n’est rien de moins que la montagne de la civilisation. » (p. 229) D’abord recueilli par un petit village, puis par un lutteur formidable qui vit dans une roulotte, le garçon rencontre Emma. La jeune fille sera son amie, sa sœur, son amante, sa mère, son univers. Vient la guerre et le garçon part dans les tranchées. À son retour, Emma l’attend. Reste à vivre le bagne, la jungle amazonienne et la solitude encore. Et jamais le garçon ne prononcera un mot.
Garçon, le héros l’est par son sexe et sa solitude. S’il est momentanément fils, ami, amant ou soldat, il redevient toujours le garçon. Son identité se résume à ce vocable. Il est un singleton, mais jamais une anomalie. Son mutisme constant enrichit son anonymat qu’Emma a coiffé d’un prénom et d’un nom. Mais seul, abandonné, le garçon n’est que cela, un garçon. C’est à la fois un mystère et une légende. Le garçon aurait pu être un enfant sauvage, un fou, un ermite. Il a choisi le monde, mais reste à sa lisière, lui qui est plus enfant du silence que de la société.
Ce récit sensoriel et sensuel est souvent affolant d’érotisme et parfois troublant de terreur. Entre musique et extase du corps, l’auteur touche au sublime. Et quand il parle de mort et de gorges tranchées, les images ne sont pas moins belles, seulement plus poisseuses. Marcus Malte a produit un roman puissant et façonné un personnage fascinant.
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J’ai lu ce roman dans le cadre des Matches de la rentrée littéraire de PriceMinister. Cette année, j’ai été invitée à partager mon avis sur Instagram et non sur mon blog. Ma participation officielle (et j’espère originale) est donc à retrouver sur mon compte Instagram.