Texte autobiographique d’Éric-Emmanuel Schmitt.
À 28 ans, jeune normalien et professeur de philosophie à l’université, Éric-Emmanuel Schmitt intègre un projet de film sur Charles de Foucauld. Il part à Tamanrasset sur les traces de cet officier converti, grand mystique chrétien. Une nuit, il se perd dans le désert. Seul dans un trou de sable, il n’a pas peur et fait une expérience unique : la rencontre de Dieu.
Les récits de conversion me plaisent toujours quand ils ont été vécus par des écrivains. Joris-Karl Huysmans et son roman de Durtal sont ma référence, mais Éric-Emmanuel Schmitt ne démérite pas. Sa façon de raconter l’évidence de Dieu au désert est bouleversante. Nul besoin d’une retraite de 40 jours : ce qui compte, c’est d’être disponible pour la rencontre. « Depuis un an, je cherchais ma place dans la vie, ma fonction, mon métier. Cette retraite au désert allait me permettre de progresser. » (p. 44) L’auteur ne donne pas une réponse définitive, mais présente sa façon d’habiter le mystère. Son expérience a été solitaire, personnelle, unique et profondément intime.
Je n’ai pas envie d’en dire plus sur le texte qui présente de nombreuses personnes, dont un Touareg d’une belle profondeur. Laissez-vous tenter par ce récit humble et émouvant. Pour vous donner envie, quelques beaux extraits.
« Au désert, on ne se soucie pas du reste puisqu’on occupe le centre du monde. » (p. 12)
« Dieu n’est présent en moi que sous la forme de sa question. » (p. 75)
« Qui est mon ravisseur ? J’y songe avec tendresse… Ravi… Je suis ravi… Il m’a ravi… » (p. 140)
« Chaque voyageur répond à l’appel évasif du souci qui le ronge. » (p. 175)
« Y retourner… Pourquoi ? Une fois suffit. Une foi aussi. » (p. 184)
« Tous, nous ne sommes frères qu’en ignorance, pas en croyance. Ce ne sera qu’au nom de l’ignorance partagée que nous tolérerons les croyances qui nous séparent. En l’autre, je dois respecter d’abord le même que moi, celui qui voudrait savoir et ne sait pas : puis, au nom du même, je respecterai ensuite ses différences. » (p. 186)
« Je n’ai fait qu’éprouver, je ne prouverai donc pas, je me contente de témoigner. » (p. 197)