Le jeune Hemingway raconte ses années à Paris, après la Première Guerre mondiale, avec son épouse, Hadley. Le couple vit dans des petits appartements minables et court souvent après l’argent, surtout depuis qu’Hemingway a décidé d’arrêter le journalisme pour se consacrer uniquement à l’écriture. « Pauvres de nous, dit Hadley, dont toute la fortune tient dans un encrier. » (p. 120) Mais Hemingway n’a pas peur : confiant en son talent et optimiste de nature, il voit plus loin que la faim du jour et les périodes maigres. « Le travail guérissait presque tout. C’est ce que je croyais alors, et je le crois toujours. Je pensais que […] je devais me guérir de ma jeunesse et de mon amour de ma femme. » (p. 20) Dans le Paris d’après-guerre, il rencontre des personnes emblématiques : Gertrude Stein, Ezra Pound, Francis Scott Fitzgerald et son épouse Zelda. Il fréquente la librairie-bibliothèque de Sylvia Beach, Shakespeare and Company, et découvre les grands auteurs européens.
Roman ou chronique ? L’auteur répond en préambule : « Si le lecteur le souhaite, ce livre peut être tenu pour une œuvre d’imagination. Mais il est toujours possible qu’une œuvre d’imagination jette quelque lueur sur ce qui a été rapporté comme un fait. » (p. 6) Chacun conclut ce qu’il veut. Le plus important est de profiter de ce très beau texte qui rend hommage à la capitale française et à un certain art de vivre perdu, mais jamais oublié. « Paris est une très vieille ville et nous étions jeunes et rien n’y était simple, ni même la pauvreté, ni la richesse soudaine, ni le clair de lune, ni le bien, ni le mal, ni le souffle d’un être endormi à vos côtés dans le clair de lune. » (p. 43)
Quel plaisir de suivre les déambulations parisiennes du narrateur, mais surtout de reconnaître et de situer les lieux évoqués. L’avantage de fréquenter Paris depuis un certain temps ! L’île Saint-Louis, la Closerie des Lilas, La Tour d’Argent, les bouquinistes des quais de Seine, tout cela compose la carte d’un Paris Mythique immortalisé à jamais sous la plume de l’auteur. « Paris valait toujours la peine et vous receviez toujours quelque chose en retour de ce que vous lui donniez. Mais tel était le Paris de notre jeunesse, au temps où nous étions très pauvres et très heureux. » (p. 144)
Pour en savoir un peu plus sur Hadley, la jeune épouse de l’auteur, je vous conseille Madame Hemingway de Paula McLain, roman qui répond très justement à Paris est une fête, du point de vue de la femme mariée.