Bande dessinée de Christian Durieux.
Tout commence par de grandes cases sans paroles. Une soirée au Louvre, sous le tableau du sacre de Napoléon. Rapidement, l’homme que l’on célèbre, ancien ministre, s’éclipse avec deux bouteilles, préférant le musée désert à la société hypocrite. « Je suis à un âge où c’est un devoir de ne plus dîner en aussi piètre compagnie. » (p. 19) Devant un mur de tableaux, il trouve une jeune femme qui l’entraîne dans les couloirs du musée endormi. Déchaussés, ces deux resquilleurs en quête de tranquillité s’amusent à passer sous le nez des gardiens zélés et à échapper au faisceau inquisiteur de leur lampe torche. « Notre paire est assez improbable. / Pour eux, seulement pour eux. / Vous êtes un rêve, ils ne pourraient pas vous voir. » (p. 40) De cette brève et improbable rencontre dans l’un des plus beaux musées du monde naît une douce entente nourrie de confiance et de confidences. Celui qui pensait ne plus rien avoir à dire s’ouvre à celle qui semble sortie d’un tableau. « Je dois vous ennuyer. J’ai lassé un peu de monde, vous savez. / J’ai la patience des statues. » (p. 32)
Avec ces deux personnages esquissés, sans nom, on réapprend à regarder les œuvres et à poser un regard juste sur l’existence. Le cheminement dans le Louvre est un voyage surréaliste avec une passeuse exceptionnelle. Les dernières pages de la bande dessinée présentent la liste des œuvres représentées et reproduites par l’auteur. Cela donne envie de refaire l’itinéraire de ce duo inattendu et attachant, le livre en main comme une boussole pour trouver le chemin entre les tableaux et les sculptures. C’est un enchantement que cette bande dessinée !