Recueil de nouvelles de John Steinbeck.
Dick et Root, militants communistes, craignent une descente de police. « Si quelqu’un te casse la gueule, ce n’est pas lui qui le fait, c’est la société. Et ce n’est pas à toi qu’elle casse la gueule. Elle s’attaque au principe. » (p. 13) Elisa cultive avec passion des chrysanthèmes. Après la mort de son épouse, Peter Randall a un comportement étrange. Pour un verre d’alcool, Johnny l’Ours imite n’importe qui, se souciant peu de révéler de terribles secrets. Le lynchage d’un prisonnier noir exalte toute une ville. « Y a des fois que c’est aux citoyens eux-mêmes de prendre la loi en main… Chicaneur d’avocat s’amène et vous tire d’affaire n’importe quel monstre. » (p. 70) Jim s’est juré de ne jamais battre son épouse Jelka. Mary Teller est obsédée par son jardin et les oiseaux qui viennent y nicher. Une femme étrange achète un des serpents de laboratoire du Dr Philipps. Pépé Torres devient un homme en une nuit et doit en assumer les terribles conséquences. Quand Jody reçoit son premier cheval, il découvre la joie de la possession et le désespoir de la perte. Un vieil homme ne sait que répéter sans cesse le récit de l’expédition qu’il a dirigée à travers les territoires indiens. Un mauvais cochon est touché par la grâce.
Chaque nouvelle est un morceau de choix où explose l’immense talent de Steinbeck. Ce n’est pas compliqué : il me fait pleurer à chaque lecture ! Dans les paysages poussiéreux des montagnes qui surplombent la Salinas et les terrains riches et verts de la vallée, il se joue des drames humains minuscules, mais également tonitruants et qui secouent les routines. « Il sentait de l’incertitude dans l’air, l’impression d’un changement et d’une perte, en même temps que du gain de choses nouvelles et inusitées. » (p. 135) J’ai été particulièrement émue par le récit d’un petit déjeuner offert par des inconnus à un inconnu, sans contrepartie, face à un lever de soleil digne du premier matin du monde. En tournant les pages de ce recueil, j’ai évidemment pensé à La perle, à Des souris et des hommes ou encore À l’est d’Éden. Autant de textes sublimes que je vous recommande chaudement.