Recueil de deux courts romans de Stephen King.
Le policier des bibliothèques – Il existe une légende bien connue de tous les enfants américains : s’ils ont du retard pour rendre les livres, le policier des bibliothèques viendra les punir. Quand Sam Peebles emprunte des ouvrages pour terminer un discours professionnel, il ne se doute pas que ses vieilles terreurs d’enfant vont s’incarner sous la forme de la terrible Ardelia Lortz, dont Junction City n’ose pas dire le nom, et s’en prendre à ses amis. Des traumatismes d’enfant refont surface et il faut tout le courage de l’adulte pour vaincre les monstres venus du passé.
Ce n’est clairement pas l’histoire courte/nouvelle de Stephen King la plus renversante que j’aie lue, mais sous l’horreur et la terreur, elle fait la part belle à l’humour et à l’autoréférence, ce qui me plaît toujours quand c’est fait par le roi de l’épouvante, parce que ce n’est pas de l’autosatisfaction, mais une façon de mettre en perspective son œuvre et de prouver à quel point elle est inscrite dans l’imaginaire collectif et populaire. « Je n’ai jamais entendu un disque de Ozzy Osbourne et n’en ai aucune envie, non plus que de lire les romans de Robert McCammon, Stephen King ou V. C. Andrews. » (p. 35)
Le molosse surgi du soleil – Kevin est le plus heureux des gamins quand il reçoit un polaroïd pour son anniversaire. Mais l’appareil prend toujours la même photo, ou presque. « Ce qui clochait avec cette photo était l’impression qu’elle donnait de clocher. » (p.25) Sur chaque cliché, il y a un chien énorme qui semble se déplacer. Kevin confie l’appareil à Pop Merrill, sinistre citoyen de Castle Rock dont la curiosité malsaine n’a d’égale que la cupidité. Il faudrait détruire le polaroïd, mais il y a des forces qui semblent l’empêcher. « Ce truc prend des photos d’un autre monde. » (p. 338) Cours, Kevin, cet autre monde en a après toi !
Impossible de ne pas penser à Rose Madder et à son tableau dont l’image se change en vision d’horreur. Ici, à nouveau, l’image est vivante et dangereuse et bien décidée à attaquer le jeune propriétaire de l’appareil photo. Cette histoire a le mérite d’être brève : sans être inintéressante, elle n’est pas renversante. Une fois encore, je me suis surtout délectée de l’ambiance particulière propre aux romans de Stephen King : que l’intrigue se déroule à Castle Rock annonce toujours du bizarre ou de l’horrifique. Et c’est encore mieux agrémenté de quelques références à Cujo ou à Christine.