Trois femmes sont revenues de la douzième expédition envoyée dans la Zone X, mais la responsable, ancienne directrice du Rempart Sud, a disparu. Control est envoyé prendre sa place et comprendre la situation. « Découvre ce qui s’est passé que nous ne savons pas. » (p. 286) Il doit interroger la biologiste qui dit ne se souvenir de rien et vouloir être appelée Oiseau Fantôme. Il est sans cesse en conflit avec Grace, la directrice adjointe, et se heurte aux innombrables mystères du Rempart Sud et de la frontière. Que signifient les mots inscrits sur un mur derrière une porte ? Pourquoi y avait-il une plante dans un tiroir, avec un cadavre de souris ? « Il voulait au moins sécuriser son bureau, en faire un bastion, en enlever tout l’inconnu et ne substituer que ce qui pourrait le réconforter. Qui savait ce qu’il pourrait découvrir ? » (p. 176) Control tente également sans cesse d’être à la hauteur de ce que sa mère, figure majeure des services secrets, attend de lui. Mais dans son nouveau bureau et dans son travail, il se sent constamment épié, dans une atmosphère malsaine où règne un sentiment permanent de dissonance et de décalage. « Il était là pour résoudre un problème, d’une certaine manière, mais il avait l’impression que c’était le problème qui commençait à le résoudre, lui. » (p. 230) Il comprend peu à peu que les conséquences de la première expédition dans la Zone X n’en finissent pas de se déployer dans le présent. Alors que la frontière semble avancer, le danger est plus grand que jamais. « Faire confiance à un mot comme frontière avait été une erreur, un piège. Un lent effilochage de termes dont on ne s’apercevait pas à temps. » (p. 343)
Ce tome 2 apporte de nombreuses réponses qui sont loin d’être rassurantes et pose de nouvelles questions qui rendent impatient de lire le tome 3. Il y a des lapins partout sur la couverture et aussi partout dans le roman. Et ils ne sont pas à la fête, les pauvres choupis ! Petit conseil : soyez attentif aux numéros de paragraphes dans les chapitres… Le tome 2 prend le temps d’installer une atmosphère : on pourrait croire qu’il y a des longueurs, mais ce serait vouloir déflorer le mystère trop rapidement. Le premier tome, Annihilation, se passait exclusivement dans la Zone X, endroit inquiétant où les repères disparaissent. Dans le deuxième volume, tout se déroule en dehors de la Zone X, mais le danger et l’étrange sont omniprésents, comme si une contamination lente et sournoise se répandait. « La frontière était invisible. Elle ne laissait aucune place aux demi-mesures. Quand vous la touchiez, elle vous absorbait (ou vous faisait la traverser ?). » (p. 93) Avec cette trilogie, dont j’ai hâte de lire le dernier tome, Jeff VanderMeer crée de la très bonne SFFF ! Hollywood a annoncé l’adaptation du premier tome, mais au vu des premières images, je sens déjà que ça va être un ratage complet. [EDIT du 19 juillet 2018 : le film n’est PAS DU TOUT un ratage complet, c’est même une excellente surprise…]