La quatrième de couverture de cet ouvrage autoédité est « L’histoire en BD d’une start-up de jeux vidéo en Californie ». Ça envoie du rêve, non ? BD, Start-up, jeux vidéo et Californie dans une même phrase, c’est forcément l’éclate ! Sur le papier (Hihi, jeux de mots, t’as vu !), oui. Dans les faits, un peu moins. Beaucoup de promesses, encore plus de galères !
Après avoir créé un jeu vidéo pour smartphone, Laurel et son mari Adrien décident de tenter la grande aventure de l’entreprise. Prenant leur fille Cerise et le chat Brume (Une bestiole bien trop kawaï !!!) sous le bras, ils décident de s’installer en Californie, là où bat le cœur de l’univers vidéoludique. Le hic, c’est que leur société, fondée avec deux autres personnes, ne les aide absolument pas à financer le déménagement. Et ça coûte un bras de s’expatrier. Mais Laurel et Adrien sont confiants : ils seront rapidement remboursés et rentreront dans leurs frais dès que le jeu qu’ils développent sera sorti sur le marché et aura fait un carton.
En matière de carton, c’est plutôt carton rouge contre leurs associés qui ne sont pas très nets. Joffrey est un ex enfant-roi qui le revendique et qui brandit ça comme une excuse imparable. Désigné CEO de l’entreprise, il est tyrannique et exigeant au-delà du raisonnable. Quant à Luc, le deuxième fondateur, il est à la botte du premier et ne se positionne jamais dans les débats tendus. Pour Laurel et son mari, difficile d’avoir le dernier mot alors qu’ils assurent toute la création du jeu vidéo. « On fait tous des efforts. On veut que ça marche. On est toujours d’accord avec eux, mais c’est pas forcément nous qui avons raison. »
Carton rouge contre la colocation aussi ! Pour économiser sur certains frais, Joffrey a décidé que Laurel, Adrien et Cerise vivraient dans la même maison que deux stagiaires de l’entreprise. Forcément, la cohabitation forcée et ininterrompue avec des collègues de boulot, ça n’est pas de tout repos et pas idéal pour la vie de famille !
Carton rouge pour le compte en banque : ni payés ni remboursés, Laurel et Adrien tirent le diable par la queue pendant des mois. « Joffrey profite de nous et du fait qu’on adore notre boulot. » Parce que voilà le hic, ce couple adorable est justement trop adorable : trop gentil, trop confiant, trop patient. La prise de conscience est lente et douloureuse, mais inévitable. « On a fini par comprendre que nous forcer à avancer les frais leur permettait ensuite de nous mettre la pression pour obtenir les remboursements. La menace n’était jamais directe. »
Laurel et sa famille sont donc coincées dans une situation impossible : impossible de rentrer en France, impossible de quitter l’entreprise, impossible de supporter la situation plus longtemps. Dans cette BD autobiographique, on oscille entre témoignage et crise de nerfs. C’est simple : le joli rêve américain est devenu un cauchemar. J’ai hâte (Désolée Laurel, ce n’est pas du sadisme ou du voyeurisme, promis !) de savoir ce qui va advenir de cette famille française !
Mention spéciale au running-gag avec l’écureuil et à Brume (Un chat qui parle, c’est normal : le mien aussi parle.) qui est un ressort humoristique très réussi et un formidable contre-pied à la sinistrose qui pourrait dégouliner sur chaque planche.
Et un grand bravo à Laurel d’avoir eu le courage de raconter son histoire et pour sa ténacité !