Elles font les livres #1 – Relieuse d’art

Grâce au groupe Babelio Lille/Nord, j’ai rencontré Delphine. Le hasard a voulu que nous soyons voisines pendant un moment. Notre passion commune des livres (et de la bonne bouffe végétarienne) nous a rapprochées et j’ai découvert son activité de relieuse.

J’en ai déjà un peu parlé sur Twitter, mais depuis longtemps, je voulais faire relier mon exemplaire de Sainte Lydwine de Schiedam de Joris-Karl Huysmans afin de le conserver plus longtemps et pouvoir le relire. Je l’ai confié Delphine qui lui a refait une beauté ! Voyez vous-mêmes avec ces photos avant/après !

Design sans titre – 1

Delphine a gentiment accepté de répondre à quelques questions pour présenter son activité.

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Comment es-tu venue à la reliure ?

Je suis passionnée par les livres depuis toute petite, après avoir étudié la littérature et commencé une carrière dans l’édition, je voulais savoir ce qu’il y avait derrière les couvertures, je n’avais aucune idée de la manière dont les pages étaient attachées ensemble ou de ce qu’il y avait derrière le dos d’un livre. J’avais besoin de comprendre et surtout de le faire manuellement. C’est comme ça que je suis entrée dans un atelier de reliure et que je n’en suis jamais sortie.

Quelle formation as-tu suivie ?

Je n’ai pas de formation académique, j’ai appris aux côtés d’artisans relieurs dans leurs ateliers, tout d’abord chez Catherine Gaumerd à Montréal pendant 5 ans, c’était merveilleux de tout découvrir dans le concret, de suivre les projets des relieurs et très vite, les commandes sont arrivées. Puis je me suis inscrite à l’Atelier du Livre de Mariemont en Belgique à mon retour en France, j’ai beaucoup travaillé la restauration et maintenant je suis un cours sur la dorure. Je me forme en permanence, ça répond à ma curiosité et l’exigence du domaine : chaque livre est différent !

Est-ce que relier, c’est relire ? (oui, c’est philosophique tout ça…)

Bien sûr, relier c’est donner vie ou donner une nouvelle vie à un livre. C’est donner au lecteur l’occasion de lire un livre abîmé qu’il avait peur de casser. C’est aussi donner une nouvelle identité, toucher de nouveaux lecteurs. Il y a tout le travail de création, le choix des matériaux, des couleurs, l’illustration, le titrage, toutes les relectures sont possibles !

Face à la numérisation grandissante des contenus écrits/imprimés, pourquoi est-il important de préserver ce métier d’art ? Est-ce un métier anachronique ou superflu ?

Le livre imprimé et le livre numérique cohabitent, les deux ont leur fonction, le lecteur a une relation différente aux deux. Nous créons plus d’attachement au livre papier et nous avons besoin de relieurs pour les créer ou les restaurer. Il y a dans mon travail la magie du livre papier qu’on ne trouve pas dans le numérique, quand un client veut restaurer le livre de cuisine de sa grand-mère, on est dans l’humain à part entière ! C’est la même chose lorsqu’on remet une reliure d’art à un écrivain qui a gagné un prix. Ce sont toujours des histoires d’amour, c’est la beauté de ce métier.

Quelles sont les productions dont tu es le plus fière ?

Je ne m’étais jamais posé la question ! J’ai la chance et la joie de ne faire que des projets que j’aime et je suis fière de tout. J’ai un beau parcours et j’aime les défis et proposer de nouvelles choses. Cette année je travaille avec des matériaux plus originaux comme le tissu (les torchons !) ou encore le liège, je suis fière quand je parviens à un résultat intéressant. Je réfléchis beaucoup au projet que je vais construire dans le cadre d’un atelier d’artiste avec l’Imprimerie Nationale en 2019, voilà un partenariat duquel je ne suis pas peu fière !

Quels sont tes projets pour les mois/années à venir ?

Je n’ai pas de planning, je vais là où le cœur me porte, au gré des rencontres et des opportunités et m’engage dans des choses très différentes. Je tiendrai un stand à la Biennale des aquarellistes, je prépare des carnets pour les ventes de noël et participerai très certainement à un salon à ce moment-là, je travaille sur le partenariat avec l’Imprimerie Nationale, j’adorerais réaliser des petits ateliers dans des maisons de retraite et surtout je traîne à ouvrir une page sur Etsy car le temps me manque, mais c’est dans mes priorités ! Donc, à suivre !

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Si vous avez des vieux livres à relier, n’hésitez pas à contacter Delphine via sa page Facebook. Et si vous lui dites que vous venez de ma part, vous n’aurez droit à aucune réduction, mais sans aucun doute au meilleur des accueils !

Et pour mes autres interviews sur le sujet, c’est ici : Elles font les livres.

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