S’il n’y avait personne pour les lire, les aimer, les partager et les faire vivre, à quoi servirait les livres ?
Le lecteur est au bout de la chaîne du livre, mais c’est un maillon aussi important que les précédents, car de lui part et repart toute la chaîne. Qui a lu lira !
Je vous propose donc de terminer cette semaine consacrée aux femmes qui font les livres par Marine, une amie lectrice qui aime la bonne bouffe végétarienne (oui, c’est toujours un critère important pour moi en amitié), qui porte un discours féministe pertinent et qui me prête souvent des livres.
Quand as-tu commencé à lire pour le plaisir et en quantité ?
Dès que j’ai appris à lire. J’ai un souvenir très précis du premier livre que j’ai lu, à 6 ans. C’était le Club des cinq aux sports d’hiver d’Enid Blyton. Ma tante me l’avait offert alors que j’avais quatre ou cinq ans, en me disant « Ce sera pour quand tu sauras lire ». J’avais pris ça comme un défi, je n’ai eu de cesse que de savoir le déchiffrer. J’ai enchaîné avec tous les autres aventures « des cinq ». Je garde encore aujourd’hui un profond attachement à ces personnages et à leurs aventures.
Quelle formation as-tu suivie ?
J’ai un Bac littéraire et une licence de droit. Je me suis un peu cherchée après ma licence : j’ai d’abord fait de la criminologie, puis de l’histoire du droit avant d’avoir une révélation pour le métier d’archiviste et de faire un second master en archivistique.
Que conseillerais-tu à un lecteur qui ne sait pas comment choisir dans l’abondance de livres ?
De trouver un média dans lequel il se reconnaît et de prêter attention aux références culturelles qui accompagnent les programmes. Je consomme beaucoup d’audio (radio, podcasts) et il est rare que je ressorte de l’écoute d’un programme sans au moins un titre de bouquin qui me fait envie. Participer à un club de lecture est aussi un moyen génial d’élargir son horizon littéraire ! Et quand on vit en ville, la bibliothèque municipale est fort pratique : les bibliothécaires n’ont rien à nous vendre et sont formés pour donner à chaque profil de quoi faire son bonheur.
Quel livre as-tu relu le plus souvent et pourquoi ?
Les quatre premiers tomes d’Harry Potter que j’ai lu en boucle entre mes 12 et mes 15 ans. Puis j’ai relu l’intégralité de la saga jeune adulte, je l’ai redécouverte en anglais il y a trois ans et actuellement je lis les versions illustrées (il en sort une par an). Je ne me lasserai jamais de ces livres, maintenant ils font partie intégrante de moi. C’est un univers qui m’est devenu profondément familier et dans lequel je me sens bien.
Quel livre recommandes-tu le plus ?
Les deux tomes des Culottées de Pénelope Bagieu. J’ai envie de les offrir à tout le monde. Je pense que ces bandes dessinées sont d’utilité publique. Au-delà de la démarche féministe essentielle, on y puise une force, un élan pour réaliser ce qui nous tient à cœur et ne se laisser décourager par aucun carcan.
Selon toi, qu’est-ce qu’un bon livre ? Que doit-il apporter à son lecteur et/ou au monde ?
J’en distingue plusieurs sortes. Il y a d’abord les romans d’évasion qui permettent d’échapper à la pesanteur du quotidien ou à la laideur du monde. Les meilleurs sont ceux dont l’auteur a une belle plume, un bon sens du suspense et une vaste imagination. Il y a ceux qui nous apportent un éclaircissement sur notre propre monde. Et ceux qui nous aident à construire notre pensée. Les meilleurs sont ceux qui compilent ces trois critères. Je pense par exemple à la trilogie À la croisée de mondes de Philip Pullman qui ont été un immense plaisir de lecture tout en remuant pas mal de sujets de réflexion.
Comment passe-t-on du livre à l’écriture ?
Chez moi, lecture et écriture sont profondément reliées. Enfant, j’avais du mal à « lâcher » des personnages adorés une fois le livre refermé. Je les avais en tête comme des amis imaginaires et m’est très vite venu le besoin de transposer à l’écrit ces aventures que je me racontais. J’ai écrit mes premières fanfictions (sur le Club des cinq évidemment !) vers 7 ans. Je continue encore à en écrire actuellement, sur l’univers d’Harry Potter et sur d’autres. Pour moi, l’écriture a longtemps été un moyen de « prolonger la magie », tout comme on consomme des produits dérivés. Sauf qu’écrire est beaucoup plus fort qu’acheter, c’est un pouvoir créateur qu’on s’autorise. Depuis quelques temps, je commence à créer mes propres univers et personnages.
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Vous pouvez retrouver Marine sur son compte Twitter !
Et pour mes autres interviews sur le sujet, c’est ici : Elles font les livres.