Ils sont sept. Sept vieux amis. Sept fidèles qui ont promis de continuer à visiter Ker Ael, la maison de Fauvette et Étienne, après le décès du couple. Pour garder un semblant de vie dans les murs désertés. Pour maintenir une flamme fragile, mais têtue. Pour honorer un souvenir d’enfance. À chacun son jour de visite. À chacun son verre de promesse quand il a rempli son devoir. Et à chaque passage, les présences ténues d’Étienne et Fauvette continuent d’exister, vacillantes et fragiles, déterminées à rester ensemble jusqu’au bout. « Ils doivent s’enlacer fort, se tenir par les yeux, se protéger, ils doivent ne jamais se quitter du cœur. » (p. 24) Mais combien de temps peut-on tenir une promesse et hypothéquer l’existence des vivants d’une dette aux absents ? « Tu ne crois pas qu’on a tous été formidables ? […] Tu ne crois pas que ce cérémonial doit s’arrêter un jour ? / Je ne sais pas. / On n’a rien à se reprocher. Je suis sûr que Fauvette et Étienne sont fiers de nous. » (p. 60)
Après Le petit Bonzi qui m’a permis de découvrir un auteur au talent certain, Une promesse confirme mon impression : Sorj Chalandon sait mettre son grand talent au service d’histoires simples, mais profondément bouleversantes. Ici, le récit est tissé de légendes bretonnes, de superstitions de marins et de fables d’enfants. Se souvenir des morts, c’est garder vivace une veilleuse que l’on refuse d’éteindre, que l’on craint de souffler. Mais c’est surtout reconnaître ce que l’on doit aux gens doux et bons qui ont croisé notre chemin et qui, d’un sourire ou d’une parole, nous ont rendu l’existence moins âpre. Une promesse, c’est 125 pages de beauté, de délicatesse et de fidélité.