Texte d’Éric Fottorino.
Depuis l’enfance, l’auteur est passionné par le cyclisme, et plus précisément par le Tour de France et ses coureurs en tête de peloton. « Comme nous l’aimions, comme nous le convoitions, ce concurrent unique en habit de lumière qui changeait souvent de nom, jamais de couleur. » (p. 10) Dans cet ouvrage qui balance entre journal intime au long cours et chronique sportive, Éric Fottorino partage sa passion pour l’évènement sportif qui rythme chaque année (ou presque) le mois de juillet en France. « Merckx, Ocaña, Thévenet. Je leur dois mes rêves de jeunesse. L’idée que tout était possible dans la vie, à condition d’appuyer fort sur les pédales, et d’apprendre à dompter la douleur des muscles. Ces héros ont semé chez l’enfant trop sage que j’étais des poussées d’audace, des grains de folie douce […]. » (p. 47)
Éric Fottorino égrène des toponymes iconiques qui rythment le Tour de France : Le Menté, Galibier, Tourmalet, Champs-Élysées, etc., mais surtout les noms de coureurs devenus presque légendaires. Merckx, Ocaña, Thévenet, Coppi, Anquetil, Hinault, Pantani, Bahamontes et Bobet s’illustrent au podium de cœur de l’auteur. C’est presque un dictionnaire amoureux du Tour de France que propose Fottorino, avec ses mythes et ses scandales. Il y a notamment Lance Armstrong dont la légende maudite tend à être effacée des livres et des palmarès. Il est le traître au Maillot jaune. Cependant, la couleur si peu aimée en Occident depuis le Moyen-Âge a trouvé toutes ses lettres de noblesse avec la petite reine. Et ce n’est pas Serge Laget, journaliste pour L’Équipe, entendu en entretien par l’auteur, qui dira le contraire. « Avec Serge Laget, la fièvre jaune n’est jamais loin, mais le pire, c’est qu’on n’a pas envie d’en guérir ! » (p. 102)
J’aime faire du vélo, parcourir des chemins tranquilles dans la campagne, le nez au vent et les pensées vagabondes, mais je n’aime pas regarder les autres en faire. Le cyclisme m’est une activité solitaire, presque intime, une connexion secrète avec la bécane. Cependant, j’admire ceux qui ne manquent pas une étape ni un podium. Le temps d’un livre, j’ai espéré que Éric Fottorino me fasse aimer et désirer le plaisir fugace de voir passer le Maillot jaune après des heures d’attente sur le bord de la route. Même si sa jolie phrase conclusive couronne sa déclaration d’amour aux héros de la petite reine, j’ai déraillé dès les premières pages. Pardon, Monsieur Fottorino, je m’en retourne pédaler en amatrice.
Lu dans le cadre du prix Sport Scriptum.