Recueil de nouvelles de Stephen King.
Les Langoliers – Un avion reliant Los Angeles à Boston est vidé de ses passagers en plein vol. Reste une poignée de personnes qui émergent d’un sommeil peu réparateur. L’appareil atterrit dans un petit aéroport du Maine, également déserté et étonnamment silencieux. Rapidement, il devient clair que les rescapés du vol 29 de l’American Pride ne sont plus à tout à fait dans leur réalité. « Le monde, autour de nous, se dissout irrémédiablement. » (p. 183)
Cette longue nouvelle du maître de l’angoisse a été adaptée en téléfilm, diffusé à plusieurs reprises sur M6. Mon jumeau et moi gardons un souvenir hilare et impérissable de ce gros nanar aux effets spéciaux déjà dépassés à l’époque de leur création. « Il faut que nous partions d’ici. Vite. Parce qu’il y a quelque chose qui vient. Une chose mauvaise, qui fait un bruit de crépitement. » (p. 146) Si mon premier vol n’a pas été tout à fait serein, je ne suis pas vraiment inquiète en avion. Mais cela ne semble pas être le cas de l’auteur ni de son fils (je suppose que c’est son fils, vu le prénom). Pour une raison que je refuse d’analyser, cette dédicace suscite en moi un grand rire nerveux. « Pour Joe qui lui aussi a toujours les boules en avion. »
Vue imprenable sur jardin secret – Morton Rainey est un auteur à succès. Aussi n’est-il pas étonné qu’un dingue sonne un jour chez lui pour l’accuser de lui avoir volé son histoire. Un dingue, vraiment ? L’homme est convaincu de son bon droit et prêt à tout pour obtenir justice, vraiment à tout. Très vite, Morton comprend qu’il ne s’en sortira pas avec de simples preuves et que l’inspiration réclame un tribut de sang. « Lorsqu’une idée d’histoire vous vient à l’esprit, personne ne vous en donne un droit d’exploitation sur papier timbré. On ne peut en justifier l’origine. Et pourquoi le faudrait-il ? On n’établit jamais de reçu pour des choses données ? » (p. 378)
Dynamique et efficace, cette nouvelle est parfaitement angoissante, même si j’avais compris le nœud de l’intrigue dès les premières pages. Le texte semble un exutoire pour le King, une façon de s’excuser pour tout plagiat plus ou volontaire qu’il aurait commis. Mais comme l’expérimente Morton Rainey, la culpabilité prend parfois des chemins détournés pour hanter et punir le fautif. Je finis surtout avec une phrase qui m’a fait hurler de rire et me demander comment le personnage pouvait connaître une telle saveur : « Il avait dans la bouche un arrière-goût de crotte de lapin. » (p. 380)