Jacominus Gainsborough a demandé à Douce de le rejoindre à midi pile. Très précisément. Pourvu qu’elle ne soit pas en retard. « Il est seulement 9 h 20 et je t’attends déjà. T’en doutes-tu ? » L’horloge n’arrête pas sa course et l’impatience amoureuse de Jacominus grandit. Il n’admet aucun importun sur le chemin qui mène sa bien-aimée jusqu’à lui. Il a une déclaration importante à lui faire, qui ne peut pas attendre ! Alors il a bien le droit d’être un peu jaloux et injuste, le petit lapin. « Je me souviens de chaque couleur que tu portes, et tu me parais toujours la plus jolie. Aussi ne t’en préoccupe pas trop aujourd’hui. Vois comme l’heure passe et viens ! » Douce sera-t-elle au rendez-vous fixé par Jacominus ?
Avec cet album, l’illustratrice s’est faite dentelière : chaque page est un ouvrage délicat et fragile. Parfois un rien fait toute l’illustration. Parfois la découpe ne tient qu’à un point et pourrait s’envoler. Le lecteur suit le trajet de Douce vers Jacominus et explore tout un paysage en creux, dans ce qui est littéralement un travelling avant dans le livre, en laissant derrière lui les décors et les passants. L’histoire est simple et jolie : l’émerveillement tient surtout à la plongée dans ce remarquable ouvrage de papier. Je retiens la promesse formulée par Rébecca Dautremer en début d’album. « Ce livre qui te fait hausser le sourcil et retenir ton souffle, tu t’apprêtes à le TRAVERSER. […] Bref, si tu traverses avec les yeux ce livre-là, tu pourras t’y réfugier, bien peinard, autant de fois que tu en auras besoin. » Bien rangé dans ma bibliothèque, le livre m’offrira encore de beaux moments, c’est certain !