Roman de David Malouf.
Pour s’être fâché avec les généraux, Achille a retiré ses Myrmidons du combat, ce qui a permis à Hector de progresser dans les rangs grecs. Pour contrer cette attaque, Patrocle supplie son bouillant ami de lui laisser revêtir son armure et de mener en son nom les Myrmidons contre les Troyens. Et Hector tue Patrocle. Rongé de culpabilité, de chagrin et de colère, Achille tue Hector, puis supplicie son cadavre pendant plusieurs jours. Du haut des remparts de Troie, le vieux roi Priam assiste à la profanation du corps de son fils bien-aimé. Avec un char rempli d’or, il quitte la ville pour rejoindre le camp d’Achille : une rançon contre la dépouille de son enfant. Et pour cela, il est prêt à ne pas exiger en roi, mais à implorer en vieil homme. « [Il] peut aller humblement, en père et en homme, trouver le meurtrier de son fils, et demander qu’au nom et sous le regard des dieux, lui soit remis le corps de son fils mort. Sous peine de voir traîné dans la poussière l’honneur de tous les hommes. » (p. 88)
J’aime les réécritures modernes de mythes antiques, notamment celles qui conservent l’intrigue dans son époque et qui s’attachent à combler des blancs, à expliquer des détails. « Je crois que ce qu’il faut pour toucher ce nœud dans lequel nous sommes tous pris, c’est quelque chose qui n’a jamais encore été fait ni pensé. Quelque chose de nouveau. » (p. 58) David Malouf fait ça avec brio et donne à voir un épisode mythologique comme s’il s’agissait d’une histoire parfaitement inédite. J’avais déjà eu ce sentiment de complète réussite avec L’obscure clarté de l’air de David Vann. Je ne connaissais pas l’auteur australien, mais je vais explorer son œuvre avec plaisir !