Là où chantent les écrevisses

Roman de Delia Owens.

En 1952, Kya a six ans quand sa famille commence à se déliter. Sa mère part la première, suivie de ses frères et sœurs, et enfin de son père, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’elle. « Pourquoi celui qu’on a abandonné, celui qui saigne encore, devrait-il assumer la charge du pardon ? » (p. 232) Seule dans la petite maison au cœur du marécage, terrifiée, mais débrouillarde, la gamine survit et grandit, aussi sauvage que l’étendue humide dans laquelle elle se cache. « Un marécage n’ignore rien de la mort, et ne la considère pas nécessairement comme une tragédie, en tout cas, pas comme un péché. » (p. 12) Kya connaît le marais comme sa poche et l’étudie avec une minutie toute scientifique. En 1969, quand le corps de Chase Andrews est retrouvé au pied de la tour de guet, celle que tout le monde appelle la Fille des marais devient rapidement la première suspecte. « Si c’est un meurtre, l’assassin a su y faire. Le marais a bouffé et englouti toutes les preuves, s’il y en avait. » (p. 168)

En construisant le roman selon deux lignes temporelles, celle de la petite Kya d’une part et celle de l’enquête autour de la mort de Chase d’autre part, l’autrice ménage un suspense parfaitement maîtrisé. Aucune intrigue ne prend le pas sur l’autre, car elles se nourrissent mutuellement. Le portrait féminin est délicat et très fouillé et il est impossible de ne pas s’attacher à cette enfant blessée, mais résiliente, farouche et courageuse. Avec ce premier roman qui fait la part belle aux descriptions naturalistes, Delia Owens signe un coup de maître.

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