Dans ce dernier tome de la trilogie Les enfants du désastre, vous trouverez :
- Un médecin suicidaire,
- Une femme très belle, mais seule,
- Un couple heureux, mais sans enfants,
- Un enfant adopté et maltraité,
- Deux militaires déserteurs un peu par hasard,
- Une femme au cœur fragile,
- Un mystificateur de génie,
- Un cafetier bourru en Charentaises,
- Un homme qui a volé une fortune,
- Des milliers de réfugiés,
- Un gros chien.
Cette foule est précipitée et bringuebalée par la Drôle de guerre et par l’exode. « Cette guerre, on ne savait plus ce qu’elle voulait faire. » (p. 357) Éclatent des secrets de famille et surviennent des retrouvailles douces et tendres. L’intrigue se déroule sur trois lignes de front : l’officielle qui mène au feu, la faussement sécurisée de l’arrière et la mouvante sur les routes. « Les civils s’enfuient, les militaires, eux, font retraite, nuance ! »(p. 176) Pierre Lemaitre montre une nouvelle fois la mocheté de la guerre et ce que certains humains savent en tirer de beau. En cela, la figure de Désiré est hilarante. Mais j’avoue une préférence pour Louise, cette trentenaire qui se cherche une famille. L’auteur ne manque pas de critiquer les manœuvres politiques et la propagande martiale, et l’on pourrait lire dans ses attaques des arguments pour accuser notre propre gouvernement. « En temps de guerre, une information juste est moins importante qu’une information réconfortante. Le vrai n’est pas notre sujet. Nous avons une mission plus haute, plus ambitieuse. Nous, nous avons en charge le moral des Français. » (p. 101)
J’ai peut-être un peu moins apprécié ce troisième tome que les deux premiers de la trilogie. Mais j’ai encore passé un savoureux moment avec la plume de Pierre Lemaître et les personnages qu’il malmène avec tendresse. Évidemment, si ce n’est pas fait, lisez Au revoir là-haut et Couleurs de l’incendie.