Pacifique

Roman de Stéphanie Hochet.

Isao Kaneda est pilote et se prépare à accomplir un destin glorieux. « À vingt et un ans, j’ai l’honneur d’accepter de mourir pour l’empire du Grand Japon. Je dissimule le vertige qui me saisit. » (p. 12) Le monde entier l’appelle kamikaze, lui qui se prépare à écraser son avion sur une cible américaine. Au Japon, on l’appelle sakura, ou fleur de cerisier : comme elle, l’intense beauté de sa mission est vouée à passer en un souffle. « Ce n’est pas la mort qui nous fait peur mais de ne pas être à la hauteur de notre future mission. Quant au pire, ce qui ruinerait notre honneur et celui de notre famille, ce serait de tomber vivants entre les mains de l’ennemi. » (p. 72 & 73) Élevé selon le bushido, strict code de conduite des samouraïs, Kaneda sait qu’il est préférable de se suicider au lieu d’être déshonoré. Aussi ne sait-il pas comment vivre avec ses doutes. Cela a-t-il du sens de continuer à mourir après 6 ans de guerre ? Le roman commence le 27 avril 1945. Kaneda est à quelques jours de monter dans son avion pour la dernière fois. Qui sait comment cela finira ?

En regardant du côté du soleil levant, Stéphanie Hochet explore avec brio un nouveau terrain d’imagination. Après les chats et les aurochs, elle étudie l’animal humain et sa stupide complexité. « Le moment où l’appareil ennemi apparaît dans le viseur et où l’on fait feu est l’un des meilleurs. La traque a porté ses fruits. L’adversaire devient une proie. » (p. 79) Ce faisant, elle déploie une magnifique poésie du sacrifice, faite de fleurs et d’étoiles. Quant au double sens du titre, il prend toute son ampleur dans la dernière partie du roman, quand la guerre se fait mirage, écho lointain et oublié, presque irréel. La bascule dans un univers rêvé est faite : sans doute n’est-ce qu’ainsi que l’on peut échapper à la folie du monde.

Amis lillois, venez discuter du roman et rencontrer Stéphanie Hochet à la librairie Place Ronde le 3 avril à 18h30. J’aurai le plaisir d’animer la rencontre.

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