Bande dessinée de Jean-David Morvan, German Erramouspe et Mauro Vargas, d’après le roman de Vernon Sullivan/Boris Vian.
Daniel est un métis blanc, obsédé à l’idée que ses origines noires soient découvertes. Habité d’une violence bouillonnante, il donne libre cours à ses instincts brutaux dans le bar où il est videur. Quand son frère Richard, dont la peau est vraiment noire, le retrouve et menace de tout révéler à Sheila, son épouse, Daniel perd pied. Il refuse de voir sa vie de blanc voler en éclats. Il refuse de perdre Sheila et leur enfant. D’un meurtre à l’autre, Daniel ne sait plus réfréner ses pulsions sombres. « Il me fallait maintenant une noire. » (p. 39) Et plus il combat sa négritude, plus celle-ci semble prendre le dessus. « Pas si rares que ça, les Blancs qui veulent changer de peau. » (p. 40)
Cette bande dessinée reprend à merveille la surenchère de brutalité qui sous-tend le roman de Boris Vian. À chaque fuite, Daniel questionne son identité multiple, incapable d’en réconcilier les facettes contradictoires, jusqu’à la révélation finale qui achève de détruire un portrait qui ne tenait pas dans son cadre. Le dessin est ultra dynamique et illustre parfaitement la tension de l’histoire. Un vrai plaisir de lecture !