Recueil de textes de Philippe Claudel.
Dans ces nouvelles, dont certaines sont inédites, vous trouverez :
- Un homme épuisé qui fuit une guerre et des camps ;
- Le souvenir d’une première fois dans l’odeur des tilleuls ;
- Une jeune fille un peu idiote et un peu cruelle pour qui la vieillesse n’a pas de sens ;
- Un artiste fou face aux lois nazies d’épuration de la société ;
- Une petite orpheline qui garde un mouchoir dans sa tête.
Cela transparaissait déjà puissamment dans Le rapport de Brodeck : Philippe Claudel est fasciné par l’Allemagne, ses spectres et les scories fascistes qui polluent encore la société d’aujourd’hui. Avec ses 5 textes qui jouent sur la chronologie et l’Histoire, l’auteur présente à notre pays voisin un miroir dont les reflets juste assez déformés ne suffisent pas à tromper. Oui, il est bien question de la plaie douloureuse laissée par le nazisme. Mais surtout, il est question de la place de l’homme face à l’horreur, qu’il en soit la victime ou l’instrument. « Était-il coupable ? Coupable d’avoir obéi ? Ou coupable de ne pas avoir désobéi ? Lui n’avait fait que suivre. » (p. 25) Il n’y a aucune réponse définitive, aucune certitude, aucune promesse : qui sait comment il réagirait en pareille situation, quand le pouvoir est si simple à prendre et qu’il est si facile d’en abuser ?
Les liens entre les nouvelles sont-ils volontaires ? Sont-ce des coïncidences, formes heureuses du hasard ? Philippe Claudel ne répond pas et laisse toute latitude au lecteur de tisser d’autres histoires avec sa matière. « Il m’est apparu ainsi qu’ils formaient un livre véritable, une sorte de roman que j’ai laissé volontairement lacunaire, et au sein duquel le lecteur est appelé à combler les vides, en devenant lui-même alors écrivain. » (p. 168 & 169)
Comme toujours, je suis touchée au cœur par l’écriture de Philippe Claudel, même si certains textes m’ont moins convaincue. Je retiens surtout que l’auteur, généreux dans son œuvre et dans sa vie, offre les droits d’auteurs de ce livre à une association d’aide aux libraires. Aide si précieuse en ces temps où nos dealers de livres favoris ont volet baissé.