Dans son introduction, Lara Moreno donne le meilleur des conseils et le meilleur résumé de ce livre. « Ce livre peut se lire comme un livre d’anatomie. Pas n’importe lequel : un livre d’anatomie qui décrypte le paysage le plus humain du monde. Celui qui est capable de nous exploser au bout des doigts. »
Le plaisir s’apprend. Il se découvre. Il se travaille. Il s’apprivoise. « Mais si elles ne savent rien, comment vont-elles pouvoir demander ce qu’elles aiment ? » L’autrice-illustratrice raconte ses expériences et son approche du plaisir. Il n’existe pas de chemin tout tracé ni de formule magique. Chacune (oui, parce qu’il est ici question du plaisir féminin) doit trouver ce qui l’excite, mais aussi ce qui ne fonctionne pas.
Maria Hesse propose des portraits courts de femmes auxquelles la conquête du corps doit beaucoup ! Colette, Cléopâtre, Simone de Beauvoir ou encore Mata Hari. Avec un humour piquant, elle parle de jouissance sans gêne ni tabou. « En fin de compte, Lilith se lassa et décida de quitter l’Éden : c’était quoi ce paradis où il n’y avait pas moyen d’avoir un orgasme ? »
Face au male gaze, au patriarcat et à la domination masculine, l’autrice invite chaque femme à s’émanciper en s’emparant de son propre plaisir. « Le sexe a longtemps été raconté par l’homme, pensé par et pour lui. Certains ont du mal à concevoir que notre sexe puisse ne pas dépendre du leur, de même que notre état d’esprit. » Il s’agit d’apprendre à dire oui à l’orgasme, tout en sachant à dire non quand ça ne convient pas. Déculpabiliser le sexe et le plaisir, voilà un engagement qui me parle ! « Tous les corps sont beaux : apprenons à les aimer avec leur âge, leurs imperfections et dans leur diversité. »
J’ai été séduite par le travail de Maria Hesse en lisant Bowie. Je retrouve ici la beauté de ses dessins floraux et végétaux. Et la douceur épaisse du papier donne à cette lecture une dimension sensuelle incroyablement agréable.