Vingt-cinq photographies de Chris Marker

Texte de Jacques Sicard.

« C’est tout un art, aujourd’hui presque clandestin, que la décréation du monde. » L’auteur présente 25 photogrammes tirés du film Si j’avais quatre dromadaires réalisé par Chris Marker. Nous ne voyons pas ces images. Nous n’avons que le texte, ce que l’auteur voit, ce qu’il imagine derrière les figurants et les objets, et les réflexions qu’il projette au-delà du visuel. « La photographie est innocente. L’appareil de prise de vue n’est de plus qu’un monocle que la coquetterie manipule, c’est l’objet d’un dandy, inutile et beau comme lui. » Ce ne sont pas des légendes ou des descriptions, mais une expression artistique nouvelle. Il s’agit bien de faire l’art à partir de l’art. Mon latin est un peu rouillé, mais j’ai le souvenir d’une expression plusieurs fois étudiée pendant mes études : ars ancilla historiae. Ou, grosso modo, l’image au service de l’histoire. Ici, il n’y a pas de subordination ou de hiérarchie : chaque forme artistique, photographique et littéraire, nourrit l’autre, dans une osmose créatrice qui semble infinie.

Évidemment, je veux maintenant trouver ces photogrammes et le film de Chris Marker et relire les textes de Jacques Sicard pour les comprendre et les apprécier encore mieux. Je suis déjà sous le charme de l’image imprimée en quatrième de couverture, le portrait valsant en noir et blanc de deux jeunes Asiatiques. Toutefois, si je ne trouve pas ces photographies, l’œuvre de Jacques Sicard me suffira, puisqu’elle se suffit à elle-même. « Être au bord de ce qui est à venir, tourné vers l’avenir est-il une situation compatible avec la photographie ? Cela existe-t-il en photographie ? Non. Rien ne vient jamais, pas de hors champ. Tout est dans le cadre et dans l’imaginaire du cadre. Bien suffisant. »

Je participe au Prix Écrire la photographie depuis 2019. Après La vie silencieuse de la guerre, ce texte est celui que je trouve le plus cohérent – et le plus beau – par rapport au thème. Et il est quasiment certain qu’il sera dans mon top 3 de la sélection !

Ouvrage lu dans le cadre du Prix « Écrire la photographie » organisé par la librairie lilloise Place Ronde.

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