Polly

Roman graphique de Fabrice Melquiot et Isabelle Pralong.

« Polly est né.e avec une ziziette. Quelque chose qui n’est pas un zizi, ni une zézette, mais la rencontre de l’un avec l’autre. » Polly est intersexe. Ses parents voudraient ne pas choisir, mais les médecins imposent une vision binaire : on naît soit homme, soit femme. « C’est un garçon raté. […] Il nous faut déterminer son sexe d’élevage.[…] Plus tard, nous entreprendrons de le réparer. » Ces paroles froides sont suivies d’années d’opération et de douleurs physiques. Mais face à la nécessité morbide de classer, d’assigner, d’empêcher et d’imposer une voie, Polly est seul.e. L’enfance se passe, l’adolescence aussi, et elles entraînent des flots de questions. Jeune adulte, enfin, Polly ose se demander pourquoi iel devrait choisir entre être homme et femme et affirmer qu’iel peut être les deux, ou aucun des deux ! « Le refus de cocher, c’est là que son cri a son petit volume, c’est là que les murmures de Polly se souviennent qu’ils sont déjà des cris. » En libérant de l’injonction de choisir, Polly reprend en main son existence et se donne toutes les chances de la rendre exceptionnelle.

Les pages font la place belle à la couleur sans texte et au blanc. L’absence de texte, ce n’est pas le vide, c’est tout l’espace qui reste à conquérir, c’est l’immense champ des possibles ouvert devant Polly. J’ai découvert Fabrice Melquiot avec Diane, pièce de théâtre autour de la vie de la photographe Diane Arbus. Je le rencontre différemment au travers du support dessiné, et pour mon plus grand plaisir. Polly est une œuvre moderne, intelligente et sensible.

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