« La photographie, c’est aussi la chance d’être là au bon moment. » (p. 130)
Sylvie Lancrenon est photographe. Elle a fait ses armes sur les plateaux de cinéma, puis s’est essayée avec succès aux portraits, répondant aux commandes d’agents et de magazines. Avec son objectif, elle magnifie actrices et acteurs, chanteurs et chanteuses, modèles et célébrités en tout genre. « Je ne sais prendre des photos que dans le mouvement. Le mouvement triomphe de tout, du froid, de l’ennui, de la mort. » (p. 66) Sylvie Lancrenon raconte les rencontres et les prises de vue : ce n’est jamais technique et toujours vivant, très humain.
« J’ai regardé le monde à travers mon appareil pour oublier, pour m’oublier. […] Il est temps d’arracher le masque. » (p. 12) Ce qu’elle raconte aussi, c’est son handicap. À 18 ans, pour stopper un cancer très agressif, elle a subi l’amputation d’une jambe. Les difficultés quotidiennes sont nombreuses et la rage est fréquente devant le manque d’équipements publics. Mais Sylvie Lancrenon ne fait pas étalage de la douleur qui hurle en continu, moins par pudeur que parce qu’elle a l’obstination d’avancer encore et toujours. « Je n’ai jamais voulu parler de mon histoire. J’ai simplement vécu à cent à l’heure, sans jamais reprendre mon souffle. J’ai vécu comme si j’avais deux jambes au lieu d’une. Voire trois. » (p. 43)
Les chapitres sont ponctués de certains portraits réalisés par la photographe. Ces images sont vibrantes, en couleurs ou noir et blanc, sous-tendues d’une énergie brûlante. « Je pense lumière. Je respire lumière. Je vis lumière. » (p. 128) Ce court ouvrage à l’écriture dynamique et franche est un vrai plaisir de lecture !
Lu dans le cadre du prix Place Ronde – Écrire la photographie, édition 2022.