Bande dessinée de Lewis Trondheim.
Lapinot ouvre les yeux et se retrouve en braies dans la forêt qui sépare le village gaulois des camps fortifiés romains. Face à lui, fidèle à ses marottes, Obélix a un petit creux et il voit en Lapinot son comparse de toujours, le brave Astérix. « Mais vous voyez bien que je ne suis pas Astérix. […] Regardez mes oreilles ! Et mes pieds ! » (p. 1) Notre héros lagomorphe n’est pas au bout de ses surprises, car voilà qu’est arrivé au village un hôte de marque, le dieu Toutatis en personne ! Il sait tout des aventures d’Astérix et est venu avertir les Gaulois d’une attaque imminente de Jules César. Pour se défendre, heureusement, il y a la fameuse potion magique… Et Lapinot qui a retrouvé Richard se demande bien comment échapper à cet univers qui n’est pas le sien. « On tousse et on l’accuse de nous avoir refilé le Covid. / Mince, d’ailleurs si on est asymptomatique, on risque de contaminer tout le village. » (p. 25) Tout est un peu trop réel dans ce monde, et pas seulement le cadre ! « Wahou… les décors sont comme dans les BD. » (p. 8) Ici, les coups blessent et l’ambiance bon enfant fait place à l’instant de survie. Et surtout, Lapinot connaît ses classiques : Toutatis, c’est surtout une expression, pas un personnage. « Jamais Goscinny ni Uderzo n’ont réellement parlé de dieu ou de religion… » (p. 11) Alors, avant de retrouver son univers, il doit remettre les cases en place !
La première couverture annonce la couleur, donc personne ne peut prétendre être trompé sur la marchandise : « Attention !!! Ceci n’est pas un album d’Astérix Parodix : » De fait, l’hommage est assumé, mais plein d’autodérision. Lewis Trondheim manifeste clairement qu’il connaît les aventures d’Astérix et que l’œuvre de Goscinny et Uderzo lui est très familière. Ce n’est que pour mieux la détourner, toujours avec respect, mais en y injectant une dose de folie foutraque que les auteurs originaux n’auraient probablement pas reniée. D’autant qu’avec cet album, Lewis Trondheim relance l’éternel débat sur l’appartenance du Mont-Saint-Michel à la Bretagne ou à la Normandie.
J’ai donc enfin lu le tome 6 des nouvelles aventures de Lapinot. Il m’a fallu de la patience. Parce qu’il est paru après le tome 7 et parce que l’auteur a encore fait durer le supplice en publiant les mini-albums 5.1 et 5.2 ! Mais le voilà enfin rangé à sa place, juste après le volume 5 : mon goût pour l’ordre est satisfait ! Et je l’avoue, ça valait la peine d’attendre !