Vents forcenés

Roman de Thierry Maricourt.

C’est l’histoire d’un collégien abattu d’une balle par un bistrotier revanchard. C’est l’histoire de la misère de la cité des 4000, à La Courneuve, à la fin des années 1970, entre aides sociales insuffisantes et alcoolisme banalisé. C’est l’histoire d’une famille d’accueil qui a échoué à créer un foyer pour le gamin qui n’espérait plus rien. « Je ne ferai pas long feu dans ce monde, j’en étais certain, je ne distinguais pas où ma place, une toute petite place, pouvait se trouver. » (p. 18) C’est l’histoire d’une mère abandonnée, violente et mythomane, incapable d’aimer l’enfant qui lui rappelle la perte de sa jeunesse et de ses illusions. C’est l’histoire d’un auteur qui n’a jamais oublié le camarade qui s’est assis à ses côtés pendant quelques mois.

Avec ce roman qui reprend un terrible fait divers, Thierry Maricourt rend hommage à un môme qui n’avait aucune chance et qui a gâché les rares qui lui ont été proposées. En moins de 90 pages, il compose un texte qui vibre de colère et d’injustice. Le roman a quelque chose du polar, même si on connaît le coupable dès le début, mais c’est fascinant de voir la corde se tendre jusqu’à l’explosion. Fascinant et infiniment triste, aussi. Thierry Maricourt a le talent du mot juste et l’intelligence de savoir conclure quand plus rien ne peut être dit. C’est une lecture brutale, cinglante et sonore, mais qui touche au cœur, en plein centre. C’est l’essence même de la littérature, reprendre le réel, même le pire, et le sublimer en mots pour dépasser l’horreur.

Ce contenu a été publié dans Mon Alexandrie. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.