L’incendie

Roman de Tarjei Vesaas.

Jon arrive dans une ville nouvelle. Il cherche un logement, du travail. Et voilà qu’un appel étrange fait tout basculer. Jon quitte précipitamment la chambre où il se trouvait. « Y allait-il ? Restait-il ? Le temps vole, comme des oiseaux, dans les escaliers. On arrive en bas bien assez tôt. » (p. 11) Désormais, dans une succession indistincte d’heures et de jours, Jon rencontre des personnes qui le sollicitent et l’emmènent dans des expériences entre terreur et émerveillement. « Qu’est-ce que tu comprends à des choses comme ça ? / Rien, dit Jon. » (p. 24) Entraîné dans des déambulations sans but ou sur des barques, l’homme semble avoir pris un engagement dont il ignore les termes et va de visions d’horreur en situations inconfortables. Ce dont Jon est certain, c’est qu’un incendie brûle, pas loin, mais que personne ne paraît s’en préoccuper. « Ainsi, la fumée jaillit un jour, épaisse et lourde comme un mur. » (p. 75) Jon évite de peu des dangers tapis et se confronte à des choses mouvantes qui changent de forme. Sans certitude ni repère, manquant de sommeil, il côtoie une humanité coupable et hurlante que seul le feu pourrait purifier.

Rêve, hallucination ou délire, ce roman est un peu de tout cela. Le personnage est en décalage constant et le malaise est total, entraînant le lecteur dans des abîmes d’interrogation. Mais il est vain de chercher le rationnel dans cette expérience : il est certes difficile de se laisser porter sans se débattre, mais le texte continue sa marche. Il est illusoire de penser s’arrêter, car le livre a accroché son lecteur et ne le laissera pas jusqu’à la dernière page. C’est ainsi que j’ai traversé ce récit étrange, une fois encore bouleversée par la puissance poétique de Tarjei Vesaas. Voyez les mots qu’il emploie pour parler de l’automne qui approche. « L’air était immobile et mûr, repu pour cette année, en attente de la putréfaction et de la chute. » (p. 33) Tout est dit, du plus beau au plus sordide ! Je vous ai déjà recommandé de lire cet auteur et je ne peux que recommencer !

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