Le brassard

Biographie de Luc Briand.

Sous-titre : Alexandre Villaplane, capitaine des Bleus et officier nazi

Alexandre Villaplane a été le premier capitaine de l’Équipe de France, lors de la première Coupe du Monde de football en 1930, en Uruguay. Voilà un nom dont on voudrait se souvenir, que l’on voudrait célébrer. « Alexandre Villaplane est un authentique Européen d’Algérie, mais il le cache. Art de l’esquive, du dribble avec la vérité, qui dit beaucoup du personnage. » (p. 56) Hélas, l’as du ballon rond s’est tristement illustré pendant la Deuxième Guerre mondiale, et le sous-titre résume tout ce qu’il faut comprendre. Il est passé à l’ennemi, et quel ennemi ! On ne parle pas d’un tir malheureux contre son camp, mais d’une trahison irréversible. Joueur doué, capable des meilleures fulgurances, mais aussi inconstant, flambeur et noctambule, attiré par la facilité et prompt aux magouilles, Villaplane va de club en club et doit rendre des comptes à la justice. Acheteur d’or pour la Gestapo, en contact avec la pègre, il fait son trou pendant les premières années du conflit. « Ce sont les temps heureux pour les voyous. Ils doivent toutefois faire preuve d’un sens pratique certain pour sentir l’évolution des attentes de l’occupant à leur égard et ne pas tomber en disgrâce. Pour avoir négligé cet aspect, Villaplane va payer le prix fort. » (p. 173) Sa naturalisation allemande ne le sauve pas et il est fusillé à la Libération. Lui qui a tant changé de maillot a fini par endosser la mauvaise chemise et, du brassard de capitaine des Bleus au brassard à croix gammée, son palmarès est peu glorieux.

Historiquement très riche, cette biographie retrace aussi la naissance du football international et professionnel. La bibliographie finale montre combien l’auteur s’est documenté sur son sujet. J’avoue avoir ressenti une certaine lassitude devant la litanie des résultats sportifs. En revanche, je salue la précision avec laquelle Luc Briand a reconstitué le parcours de ce footballeur de triste mémoire. Cette lecture entre en résonance certaine avec Le nageur d’Auschwitz et rappelle plus que jamais l’importance du devoir du mémoire, par respect pour les victimes.

Lu dans le cadre du prix Sport Scriptm 2022.

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