Roman graphique de Jirô Taniguchi.
Hiroshi a 48 ans, une épouse, deux filles et beaucoup trop de travail. Alors qu’il se rend en train vers Tokyo, il se retrouve par mégarde dans la ville de son enfance. Au cimetière, devant la tombe de sa mère, il fait un malaise. À son réveil, il n’est plus en 1998, mais en 1963 et il est de nouveau adolescent. « Ce genre de chose peut-il arriver dans la réalité ?!? Si ce n’est pas un rêve, je suis vraiment revenu à mes années de collégien ? » (p. 39) Il retrouve sa rue, sa maison, mais surtout sa mère et son père, parti ce fameux été 1963. Persuadé qu’il va retrouver son existence d’adulte très rapidement, il se laisse aller aux souvenirs, mais plus les jours passent et plus il sait les chagrins et les regrets à venir. « Comment avais-je pu si longtemps oublier l’apaisante douceur qui se trouvait là ? » (p. 57) Hiroshi se demande s’il a la chance de tout revivre différemment et mieux ou s’il doit s’interdire de modifier ce qui fût. « Je revivais mes 14 ans et je découvrais à quel point ils avaient été précieux. » (p. 93)
Le voyageur temporel perdu dans son passé découvre peu à peu son histoire familiale, sur fond de deuxième guerre mondiale, et les raisons qui ont poussé son père à partir. Évidemment, la tentation est forte d’éviter ce départ et de préserver sa famille du chagrin, notamment sa tendre maman. Mais il sait que chaque changement peut lui faire perdre son épouse et ses filles qui, en 1998, attendent son retour.« Portant le fardeau d’un homme adulte, j’arpentais, pour la deuxième fois, le chemin de mes 14 ans. Et ce chemin prenait, au fil des jours, de plus en plus de virages. » (p. 132) Finalement, Hiroshi comprend qu’il faut être devenu adulte pour comprendre la vie et les choix de ses parents.
J’ai mis bien des années à lire cette œuvre. Et une amie précieuse, au détour d’un groupe de lecture, a fini par me la mettre entre les mains. La rencontre a été merveilleuse, pour ne pas dire inoubliable. Il me tarde de lire les autres textes de Jirô Taniguchi.