Bande dessinée de Xavier Dorison et Félix Delep.
Tome 1 : Miss Bengalore – Tome 2 : Les marguerites de l’hiver
Le président Silvio enrage de voir les animaux lui résister et tente par tous les moyens de briser la rébellion qui gronde dans le château. De son côté, Miss Bengalore tient bon : elle sait que c’est par une révolution non-violente que les animaux gagneront leur liberté et obtiendront justice. « Mes amis, tant que notre colère sera plus forte que nous, nous ne vaudrons pas mieux que Silvio. » (p. 12) Le brutal taureau est désemparé devant cette attitude et redouble de rage, de violence et de perversité pour contraindre ses sujets à la soumission. Toujours à grand renfort de fleurs, Bengalore et ses compagnons résistent à leur façon, avec obstination et patience. « Si aujourd’hui vous montrez à Silvio qu’il peut vous interdire de porter une marguerite… Qu’est-ce qui l’empêchera demain de vous interdire de parler ? De rire ? De vivre ? » (p. 35) La jolie chatte sait pourquoi elle se bat et rien ne la fera renoncer, même si cela lui impose un terrible sacrifice.
Que j’ai hâte de lire le dernier volume de cette bande dessinée ! Le scénario est d’une intelligence rare et les illustrations offrent des pages de toute beauté, comme cette pluie de marguerite sur des molosses prêts à mordre. « La première non-violence est celle que l’on se doit à soi-même. » (p. 39) Je ne sais pas si George Orwell approuverait cette suite de sa Ferme des animaux, mais moi je salue le propos des auteurs. La bienveillance est un mot assez galvaudé de nos jours : il est pourtant si puissant quand on en reprend le sens premier. Sans bienveillance, pas d’acceptation de la différence, pas d’équité, pas de justice.