Pièce de théâtre de Nicole Sigal.
Quatrième de couverture – En France, une femme meurt tous les dix jours sous les coups de son compagnon. Difficile de faire admettre à ces victimes que ce n’est pas leur faute, qu’elles n’y sont pour rien. En entrecroisant leurs récits, en faisant entendre les justifications absurdes des violents, des pervers et des prédateurs, Nicole Sigal parvient à faire de la vérité crue et cruelle de ces témoignages une tragédie grotesque qui révèle et établit mieux qu’une critique l’horrible réalité des faits.
Ce sont plusieurs couples qui défilent sur scène, mariés, non mariés, jeunes ou plus mûrs. Une seule constante : les hommes se comportent mal envers les femmes. Ils sont certains de leur bon droit et surtout de l’impunité que la société leur accorde. « Le domicile conjugal est plus dangereux qu’un parking souterrain. » (p. 43) Ils ont réponse à tout, surtout s’il s’agit de faire taire leur compagne. Ce sont des vieux pontifiants, des insolents cyniques, tout simplement des merdeux, toutes générations confondues. Entre eux, ils sont complaisants, tous complices d’un système qui donne toujours raison au mâle. Quant aux femmes, elles ont beau raisonner, tenter de faire compatir ou valoir leurs droits, elles sont systématiquement frappées, broyées, écrasées, décrédibilisées. « Les mortes reviennent nous parler, non sans humour et poésie, de la cruauté, mais aussi du ridicule de l’homme violent, du prédateur, du pervers narcissique qui déstabilise sa femme et la fait passer pour une folle. » (p. 5)
Vous trouvez que c’est un peu fort ? Que l’autrice exagère et que ces violences sont impossibles, fantasmées, inventées ? Je n’envie pas votre naïveté : ces violences sont non seulement réelles, mais tristement banales. Alors si vous voyez une femme dans la rue avec des chaussures (pas des chaussettes, des chaussures !) dépareillées, avant de vous moquer de sa bizarrerie, demandez-vous si elle ne déambule pas ainsi parce que son conjoint a jeté un soulier de chacune de ses paires pour l’empêcher de sortir… « J’ai choisi de pouvoir rire de ce sujet grave, d’un grand rire de résistance, car à l’origine de toute violence il y a la peur et l’ego ridicule, grotesque et détraqué, d’une personne. » (p. 5)
Cette courte pièce rejoint mon étagère de lectures féministes. Et plus que jamais, elle conforte ma certitude qu’il faut croire les femmes qui témoignent de violences domestiques.