Dans la famille Pelletier, il y a :
- Louis et Angèle, Français installés au Liban et propriétaires d’une florissante affaire de savons ;
- Jean, l’aîné, lourdaud, empoté, mal marié et aux pulsions terribles ;
- François, dont tout le monde attend qu’il excelle à l’École Normale ;
- Étienne, parti au Vietnam pour retrouver l’objet de son amour ;
- La benjamine Hélène, si jolie et bien trop jeune pour être déjà si peu innocente.
Tout commence en 1948, à Beyrouth, mais rapidement le récit oscille entre Saïgon et Paris. À l’Agence indochinoise des monnaies, Étienne découvre une colossale arnaque institutionnelle. À son niveau, il tente de s’y opposer. « On se conduit en fonctionnaire : on fait chier. On chipote, on tatillonne, on ergote, on chicane. » (p. 169) Et pour retrouver son compagnon, il est prêt à tout, même intégrer une étrange nouvelle église, secte très opportune pour lutter contre le Viet-Minh. « Ici, on ne dit pas ‘la guerre’, on dit ‘la pacification’ ! » (p. 129) En France, le meurtre d’une jeune et belle actrice occupe tout l’esprit de François et nourrit toutes les angoisses de Jean. La presse se régale de ce drame aux rebondissements incessants et se plaît à pointer les insuffisances de la justice. Et quand tout tourne mal pour les enfants Pelletier, les parents sont présents et aimants.
Le lien qui est fait avec ce roman et La trilogie Les enfants du désastre, plus spécifiquement avec Au revoir là-haut, est tout à fait réjouissant ! J’espère que les volumes suivants de cette nouvelle saga évoqueront Couleurs de l’incendie et Miroir de nos peines, même à peine ou par un détail. Avec Le Grand Monde, Pierre Lemaitre continue de bâtir son univers romanesque dans l’Histoire française. Une fois encore, il écrit à merveille la façon dont les petits secrets et les immenses scandales façonnent les existences, souvent à l’insu des personnes concernées. J’ai déjà en ma possession la suite de ce roman et j’ai hâte d’y plonger !