Essai de Camille Froidevaux-Metterie.
« Elles n’en peuvent plus des regards gluants, des remarques dégueulasses, de la peur qui accompagne si souvent leurs déambulations urbaines. » (p. 10) Quelle femme n’a jamais ressenti cela ? Ce sentiment viscéral de n’être qu’un corps à la disposition du bon plaisir et/ou du pouvoir masculin ? Dans sa réflexion, l’autrice invite à libérer le corps des femmes de sa dimension strictement génitale afin d’en finir avec l’oppression reproductrice et d’en venir à une sexualité libre, personnelle et débarrassée des hontes et de la scrutation masculine. En valorisant un autre archétype que celui de la femme maternelle et domestique, la société peut permettre aux femmes de réinvestir la pleine potentialité de leur corps. « Il n’y a pas une seule et bonne façon de vivre son corps féminin, pas plus qu’une seule et bonne façon d’être féministe. » (p. 62)
Parler du corps, c’est évoquer la première fois, le désir, le consentement, les troubles du comportement alimentaire, les règles et la ménopause, les diktats de la beauté, l’obsession pour les seins, la minceur et les poils, la maternité choisie et tardive, et tant d’autres sujets intimes et donc hautement politiques. « Il s’agit de sortir les femmes de l’ignorance, de leur remettre les clés de leurs propres corps et, plus largement, de les libérer. » (p. 128) Assez logiquement, tout ramène toujours à l’éducation : celle que l’on refuse aux jeunes filles et aux femmes en général, celle qui pourtant ferait tant pour une société plus égalitaire et apaisée.
Pour qui voudrait commencer une réflexion féministe, ce texte post #MeToo est une porte d’entrée parfaite. Je le place évidemment sur mon étagère féministe et je le ferai lire à mes proches.