Roman de Mickaël Brun-Arnaud. Illustrations de Sanoé.
Dans la forêt de Bellécorce, Maître Archibald Renard tient une librairie où chacun·e est libre de déposer le livre qu’iel a écrit en espérant qu’un client l’achètera. « Trouver le bon livre pour le bon animal était une mission importante, surtout lorsqu’il n’en existait qu’un seul exemplaire. » (p. 15) Un jour, c’est Ferdinand Taupe qui se présente dans la librairie, non pas pour déposer un livre, mais pour reprendre le sien, Mémoires d’Outre-Terre. Le vieil animal, frappé de la maladie de l’Oublie-Tout, n’a que quelques photos et son livre pour retrouver la trace de Maude, son grand amour. Mais le livre a été vendu à un inconnu… « Auriez-vous l’infinie bonté de me ramener sur le chemin de mes souvenirs ? » (p. 105) Archibald quitte alors le confort de sa boutique joliment cirée pour parcourir la forêt de Bellécorce, de lieu en lieu, pour aider Ferdinand à remonter le fil de sa mémoire. D’anciennes connaissances en nouveaux ami·es, les deux compères suivent les traces de Maude.
Il faudrait un cœur bien endurci pour ne pas s’émouvoir de ce voyage à rebours du temps. La tendresse patiente du renard pour la vieille taupe est bouleversante et parle à tous : que faire quand un proche se perd à lui-même ? L’auteur a une façon très délicate de parler de la démence sénile, sans misérabilisme, mais sans cacher ses douleurs. Ode vibrante à l’amitié, le roman est aussi une déclaration d’amour aux livres et à ceux qui les aiment, auteur·ices et lecteur·ices. Vous aussi, tournez les feuilles de la forêt de Bellécorce et laissez-vous emporter par la magie d’un autre monde.
En ouvrant ce roman, je m’attendais à une histoire comme Le vent dans les saules de Kenneth Grahame, roman qui a enchanté mon enfance et que j’ai relu avec délice à l’âge adulte. La comparaison était donc, par défaut, à l’avantage de mes souvenirs. Je suis tout à fait ravie d’avoir découvert un texte qui n’a rien à envier au chef-d’œuvre écossais.