Recueil de textes de Michel Tournier.
En son presbytère de la vallée de Chevreuse, l’auteur explore ses souvenirs, ses sensations et ses émotions. « J’ai bien dormi, car mon malheur a dormi lui aussi. » (p. 21) Dans la tranquillité de son refuge, il refait mentalement certains des voyages qui l’ont emmené loin de chez lui tout en lui faisant trouver sa place dans le monde. Nuremberg, Le Caire, Arles, New Delhi : autant de destinations où l’exotisme n’est pas dehors, mais à l’intérieur de soi. Dans ses brèves réflexions, Michel Tournier parle du corps, de la place de celui-ci dans les sociétés et dans les arts. « De dos, la chevelure s’étale sans partage. C’est d’ailleurs l’un des pièges de la coquetterie : soigner ses cheveux, c’est se préoccuper de l’aspect que l’on a de dos. » (p. 79) Le corps est finalement omniprésent, qu’il soit érotique ou pudique, amoureux ou pur objet de beauté, saisi par l’autoportrait ou la photographie. « On ne fera jamais assez l’éloge des fesses. » (p. 80) Sur ce point, je partage complètement la position de l’auteur. Petites proses est évidemment une ode à la lecture et aux livres, refuges éternels et fidèles de toute âme en déréliction.
Je vous laisse avec une phrase sublime qui, à elle seule, suffit à me rappeler combien l’œuvre de Michel Tournier est un monument de raffinement et de sensibilité. « Et chaque nuit ma femme dormira au creux de mon corps, parce qu’il y a des heures obscures où la chair n’endure pas la solitude sans risquer de mourir de chagrin. » (p. 95)