Texte de Christian Bobin.
Ghislaine était une amie, une âme sœur. Sa mort à 44 ans ébranle Christian Bobin. « L’événement de ta mort a tout pulvérisé en moi. Tout sauf le cœur. Le cœur que tu m’as fait et que tu continues de me faire, de pétrir avec tes mains de disparue, d’apaiser avec ta voix de disparue, d’éclairer avec ton rire de disparue. » Ghislaine était mariée et mère de famille : pour elle, Christian éprouvait un amour unique, un sentiment dénué de romantisme, profond comme le sont toutes les affections inévitables. Perdre cette femme si essentielle à son équilibre laisse l’auteur en proie à des questions insondables. « Je suis devant ta mort comme devant une énigme, une pensée dont je ne sais trop ce qu’elle contient de tendre et de terrible. » Plutôt que de faire de cette perte une fin et un vide, l’auteur décide de faire vivre l’amitié au-delà de la tombe. « Je te retrouve partout, toi qui n’es plus nulle part. »
Troisième lecture que je fais des œuvres de Christian Bobin et je suis désormais certaine que cet auteur m’a conquise. Ici, il parle de la disparition et du deuil avec des mots aussi lumineux que ceux de Philippe Claudel dans Meuse l’oubli. Je suis touchée au cœur, irrémédiablement. La spiritualité religieuse de l’auteur est palpable, mais jamais pesante : chez lui, tout aspire à l’élévation des cœurs et des sentiments.
Il faut aussi que je le lise.
Ouiiii ! C’est si beau !