La maison des feuilles

Roman de Mark Z. Danielewski.

Quatrième de couverture – En rentrant chez eux un soir, les Navidson – Will, Karen et leurs deux enfants qui viennent à peine d’emménager en Virginie – découvrent qu’une nouvelle pièce a surgi dans leur maison… comme si elle avait toujours été là. Simple inattention ? Canular élaboré ? Mètres, plans et appareils de mesure sont réquisitionnés, et soudain l’explication la plus étrange devient la plus évidente : le foyer des Navidson est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur. Très vite, d’autres changements surviennent ; un mur se décale, une nouvelle porte apparaît dans le salon et derrière elle un couloir étroit et obscur. Photoreporter de renom et aventurier intrépide, Will s’y risque un soir mais, manquant de se perdre dans ce qui s’avère être un dédale immense, décide de mettre sur pied une équipe d’explorateurs chevronnés, afin d’étudier ce passage qui paraît sans fin et qui, très vite, se révèle l’être pour de bon. Plongée dans le labyrinthe d’une maison impossible, ce roman tout en méandres cache un Minotaure : au cœur de l’obscurité abyssale et toujours croissante, résonne un grondement impie qui semble vouloir déchirer les murs et dévorer les rêves.

Résumer ce livre est impossible et je ne suis pas loin de penser que le lire l’est tout autant. « Ceci n’est pas pour vous. » Tout pourrait commencer et finir par les paroles d’une chanson : C’est une maison bleue… (Il faut lire la dernière édition en couleurs pour comprendre…) Mais voilà qui est trop doux pour l’enfer dans lequel plonge le·a lecteur·rice en ouvrant ce bouquin. « D’infinis enchevêtrements de mots, signifiant parfois quelque chose, parfois rien, se fracturant souvent pour bifurquer sans cesse vers d’autres morceaux. » D’ailleurs, il n’y a pas qu’un texte, pas qu’une œuvre, et les différents niveaux de récits se superposent, se confondent, s’absorbent ou s’annulent. « D’un point de vue purement intellectuel, l’impossible n’est qu’une chose. »

Les notes de bas de page tentaculaires et imbriquées, très souvent construites en écho ou en boucles, sont un roman à elles seules, une œuvre parallèle qui mérite la même attention que le texte principal. Avec ses polices changeantes et sa mise en page anarchique, ce casse-tête éditorial est un texte composite, fragmentaire et lacunaire, tortueux et labyrinthique, piégeux et exigeant, digressif et pour le moins terrifiant. « La maison de Navidson peut-elle exister sans qu’on en fasse l’expérience ? Est-il possible de concevoir cet endroit comme ‘non façonné’ par les perceptions humaines ? » La maison des feuilles, c’est un livre dont vous n’êtes pas le héros, et bonne chance pour en sortir ! « Ce qui est réel ou ce qui ne l’est pas importe peu. Les conséquences sont les mêmes. »

Ai-je aimé cette lecture ? J’ai apprécié l’expérience, c’est certain, et je ne me suis pas ennuyée à suivre les tortueux chemins de cette histoire schizophrénique. « En leur absence, la demeure des Navidson était devenue quelque chose d’autre, et sans être exactement sinistre ou même menaçant, le changement réduisait néanmoins à néant tout sentiment de sécurité ou de bien-être. » Ce qui est moins certain, c’est savoir si j’en retiendrai quelque chose à long terme, autre qu’un intense sentiment d’errance et d’interrogation. Toutefois, je voulais depuis longtemps m’attaquer à ce monument de la littérature de genre : il est toujours satisfaisant de cocher une case dans sa bucket-list littéraire !

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2 réponses à La maison des feuilles

  1. Lydia dit :

    Je ne pense pas avoir la patience nécessaire…

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