Les dents de lait

Roman d’Helene Bukowski.

Dans un pays jadis constamment noyé dans le brouillard, la chaleur est désormais écrasante. Les animaux sont tous devenus blancs et les oiseaux ont disparu. Le pont qui traversait le fleuve a été détruit pour empêcher l’arrivée d’étranger·es et la propagation du cataclysme qui a dévasté le reste du monde. Skalde a grandi avec Edith, sa mère qui n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis des années. Elle a appris à survivre avec peu, en cultivant ce qu’elle peut et en troquant le reste avec ses voisin·es. Brisant cette autarcie méfiante, une enfant aux cheveux rouges apparaît dans les bois. Skalde la recueille, au mépris des menaces de la communauté qui craint cette intruse. La petite est-elle un changelin comme les dépeignent les légendes ? Est-elle dangereuse ? Face au repli communautaire presque fanatique et aux superstitions mêlées de peur, Skalde et l’enfant ont peu d’échappatoires. « Tu ne peux pas attendre du monde qu’il soit toujours exactement comme dans les livres. » (p. 17)

Les chapitres s’ouvrent ou se ferment sur des paragraphes énigmatiques, oscillant entre poésie et prophétie. « En fuite dans une zone banalisée tu commences à tourner en rond. Mais ça ne fera pas augmenter la distance, reste à estimer l’éloignement réel dans ta tête. » (p. 81) Le sens de nombreux mystères est caché dans ces passages, mais il faut accepter que toutes les questions ne sont pas résolues après la dernière page. Ce livre, comme la vie, continue en dehors du moment où on l’observe. Difficile de savoir ce qui s’est passé ou de qui ou quoi il faut avoir peur. Qu’y a-t-il de l’autre côté du fleuve ? Peut-on seulement y vivre ? Tout cela est finalement de peu d’importance : seul compte l’instant, telle est la loi de la survie.

Je sors de cette lecture tout à fait bouleversée. Le roman d’Helene Bukowski m’a rappelé Le mur invisible et je le range sur mes étagères de ressources féministes et lectures écologistes.

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2 réponses à Les dents de lait

  1. Lydia dit :

    J’avais adoré Le Mur invisible. Donc, si ça te le rappelle, je me le note.

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