Isabelle Eberhardt : un destin dans l’islam

Biographie de Tiffany Tavernier.

Isabelle est la fille illégitime d’une aristocrate russe, veuve et déjà mère de nombreux enfants, et d’un moujik, également père de son côté. « À travers ces pages, c’est beaucoup plus qu’un morceau de littérature qui nous est offert, c’est le témoignage d’une âme formidablement libre. Celui d’une jeune fille de la noblesse russe qui est allée jusqu’à embrasser l’islam et devenir un cavalier arabe dans l’extrême Sud algérien. » (p. 11) Élevée avec ses frères et sœurs dans une maison isolée sur les hauteurs de Genève, elle bénéfice d’une éducation libre et ouverte inspirée des théories de Tolstoï et Bakounine. Très tôt, Isabelle rêve d’ailleurs, surtout d’Algérie, ce pays chatoyant où son aîné a rejoint la légion. Elle lit sans cesse, elle apprend le turc et l’arabe, en plus des langues européennes qu’elle maîtrise parfaitement. Curieuse de tout, impatiente et avide de sublime, elle cherche une existence plus grande que la sienne. « Agir, donner un sens à sa vie, bouger ! Mais vers qui se tourner, dans cette Genève de fin de siècle pour vivre un tel frisson ? » (p. 50) Sa première aventure, c’est l’écriture : Isabelle envoie ses nouvelles à diverses revues et elle correspond avec tous·tes ceux et celles qui peuvent élargir son horizon : cheikh installé à Paris, officier posté dans le désert algérien, exilés russes ou turcs. En 1897, enfin, c’est le premier départ pour l’Algérie : si Isabelle ne cesse d’aller et venir entre la France et le Maghreb pendant sa courte existence, elle ne se départ jamais de sa fascination pour ce pays de dunes et de sable. Farouchement libre et sensuelle, foncièrement indépendante et non conventionnelle, elle porte des habits d’homme, se fait appeler Si Mahmoud, a de nombreux amants, boit et fume, monte à cheval et se convertit à l’islam. « Avec presque soixante-dix ans d’avance sur la libération sexuelle, elle passe d’une aventure à la suivante sans éprouver de culpabilité. Faire l’amour tient pour elle de l’offrande mystique. » (p. 141) Ébranlée par la perte de ses proches et les errements d’Augustin, son frère adoré, Isabelle oscille continuellement entre désespoir et exaltation. Certes, elle se fait un nom dans les salons littéraires : ses nouvelles et ses écrits sur l’Algérie sont acclamés, mais la jeune femme ne vit que dans le mouvement. Souvent étranglée par le manque d’argent qui contraint ses projets et ses déplacements, Isabelle retrouve son énergie grâce aux voyages dans le désert et à la vie auprès des habitants des villages reculés. « Animée par une réelle soif d’absolu, la fille voue un culte aux actes héroïques. » (p. 120)

Quelle vie flamboyante et quelle femme épatante ! Isabelle Eberhardt disparaît à 27 ans, noyée lors de la crue d’un oued : elle avait encore tant à vivre et à écrire ! Il me tarde maintenant de découvrir ses textes. Cette biographie m’a beaucoup rappelé l’œuvre picturale d’Étienne Nasreddine Dinet, français converti à l’Islam, admirateur inconditionnel des beautés de l’Algérie et fervent défenseur de ce pays.

Après avoir lu deux romans de Tiffany Tavernier, je découvre le talent de l’autrice pour conter des vies réelles et nous faire entrer dans des existences hors du commun. Il est certain que je poursuivrai de lire ses textes !

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