Mangas de Chika Shimana (dessins) et Nomame Mitsushino (scénario).

Tome 1
Sophie Germain est la fille d’un marchand de tissus. L’adolescente ne devrait songer qu’à attirer les retards des jeunes hommes afin de se marier rapidement. Mais elle est toute entière tournée vers une seule et unique passion, les mathématiques. Énigmes, théories et équations, rien de cela ne l’effraie. « Si l’arithmétique est un outil utile, les mathématiques sont une philosophie qui est à l’origine de cet outil. » (p. 21) Un soir, elle expose un tricheur pendant une partie de cartes, en analysant les règles et la distribution des cartes. Pour Sophie, c’est évident, les nombres sont partout et leurs applications pratiques sont omniprésentes. « Nous pouvons affirmer sans hésiter que l’histoire humaine est un combat contre les mathématiques ! Faire flotter des bateaux, puiser de l’eau dans un puits, faire rouler des calèches, construire un pont de pierre, toutes ces inventions ont défié les mathématiques ! » (pp. 62 & 63) La jeune fille rêve d’entrer à l’Académie royale, mais au 18e siècle, ce n’est pas la place d’une femme… Et il faudrait déjà qu’elle arrive à convaincre son père que sa place n’est pas derrière le comptoir de la boutique familiale ni dans le foyer d’un époux.
Je suis ravie que l’auteur japonais se soit intéressé à Sophie Germain, figure méconnue des mathématiques françaises. Il n’y aura jamais trop d’œuvres qui exhument les femmes des oubliettes de l’Histoire. Le format manga ne me convainc pas plus que ça… mais il a l’avantage d’attirer un lectorat jeune vers une figure historique et les mathématiques. La démonstration scientifique finale est intéressante et assez facile à suivre, même pour mon cerveau résolument littéraire.

Tome 2
Aidée par Théo Le Blanc, adversaire devenu son ami et complice, Sophie se fait passer pour Antoine afin de composer aux épreuves d’admission de l’école nationale des sciences et de la technologie, nouvel établissement de renommée mondiale. Pendant une journée, des dizaines de jeunes garçons doivent répondre à des questions scientifiques de très haut niveau. Et même la chasse au trésor organisée au sein du Louvre, lieu où se déroule l’examen, répond à des principes mathématiques. « C’est une science qui avance pas à pas, où les défis se répètent inlassablement. » (p. 22) Sophie est déterminée : elle veut entrer dans cette école, d’autant plus qu’elle a la bénédiction de son père.
Si j’ai bien compris, la série a été interrompue par l’éditeur japonais. L’auteur a conclu de son mieux cette histoire, en laissant Sophie aux portes de l’école qu’elle rêve d’intégrer. Les curieux·ses peuvent évidemment chercher d’autres ressources pour approfondir leur connaissance de la vie de Sophie Germain. Même si le format manga ne m’a pas complètement convaincue, je suis un peu triste que la série ait été si vite suspendue.
Manga + série arrêtée = je passe mon tour ! C’est dommage mais je déteste quand il n’y a pas la suite.
En fait, c’est plutôt bien conclu, on ne reste pas sur sa faim.