Seule contre Hollywood – La première actrice à avoir dénoncé le système

Bande dessinée d’Halim.

En 1937, pour sa grande convention annuelle, la MGM a casté 120 jeunes danseuses, non pas pour les faire jouer dans une quelconque production, mais pour divertir les messieurs invités. Évidemment – ÉVIDEMMENT –, la soirée tourne mal pour plusieurs d’entre elles, face à des hommes si certains qu’aucune femme ne peut se refuser. Parmi ces femmes abusées, il y a Patricia Douglas. Elle porte plainte et attend du procès qu’il lui rende justice. Son avocat la défend avec conviction, mais que peuvent une jeune femme, sa mère et un seul avocat face à la machine hollywoodienne ? « Maître Brown, ça suffit ! Il revient à la Cour de décider si elle est victime ou bien coupable ! » (p. 78) Le traitement judiciaire est sordide, la reprise de l’affaire par les médias est à peine plus reluisante, même si certains titres tentent de faire la lumière sur les coulisses sales de l’industrie du 9e art.

Halim a choisi de raconter cette histoire dans des tons noirs, blancs et sépia : cela rappelle bien sûr les temps glorieux d’Hollywood, avec cette pointe de nostalgie qui a tendance à tout faire voir en rose. Pourtant, même le Technicolor n’aurait pas suffi à maquiller la vérité : Patricia Douglas a été violée, Hollywood a tenté d’acheter son silence et, n’y parvenant pas, a tout fait pour la décrédibiliser. « Les salopes ne peuvent pas être violées, ha ha ha ! » (p. 37) 80 ans avant #MeToo, une femme s’est élevée contre la culture du viol qui semble si inséparable du cinéma et de la société en général. « Si je suis ici, c’est pour que ce que j’ai subi n’arrive plus jamais à aucune autre femme. Plus jamais ! » (p. 81) Le découpage des planches, loin du classique et ennuyeux gaufrier, est dynamique, voire cinématographique. Certaines pages sont presque des story-boards : hélas, cette histoire, ce n’est pas du cinéma, c’est la réalité, même si elle a été balayée sous le tapis rouge d’Hollywood. Ni oubli ni silence face au viol, jamais !

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