Roman de Jasper Fforde.
Thursday Next est un agent du Service des Opérations Spéciales, ou OpSpecs, affectée à la Brigade littéraire connue sous l’appellation OS-27. « La plupart du temps, nous avions affaire au commerce illégal, au non-respect des droits d’auteur et aux fraudeurs en tout genre. » (p. 13) Son père est un ChronoGarde qui a été éradiqué, mais qui continue à lui rendre visite et à bidouiller deux ou trois choses dans le passé et dans le futur. Son oncle est un fameux bricoleur qui fabrique en amateur de drôles de trucs et autres machines électriques. Elle a un dodo prénommé Pickwick, créé à partir d’un kit de clonage illégal. Quand le manuscrit original de Martin Chuzzlewit, roman de Charles Dickens, disparaît, tout le monde suspecte Achéron Hadès, méchant parmi les méchants. « Il est capable d’entendre son propre nom – même chuchoté – dans un rayon de plus de mille mètres. Il s’en sert pour détecter notre présence. » (p. 38) Et rien ne va plus quand Hadès enlève Jane Eyre et menace de la faire disparaître. Thursday Next, récemment affectée à la brigade des LittéraTecs de Swindon, est chargée de neutraliser Hadès. Pour ce faire, il lui faut entrer dans les livres grâce au Portail de la Prose inventé par son oncle Mycroft. Mais attention, entrer dans les livres est délicat : il ne s’agirait pas de modifier l’intrigue, n’est-ce pas ?
Vous n’avez pas tout compris à ce qui précède ? C’est normal ! Bienvenue dans la fantaisie loufoquement littéraire de Jasper Fforde. L’auteur vous invite à le suivre au milieu des classiques de la littérature mondiale, dans un texte qui tient à la fois du thriller, de la science-fiction et de l’uchronie. Figurez-vous qu’en 1975, la guerre de Crimée fait toujours rage et que le groupe Goliath entend bien donner l’avantage à l’Angleterre grâce à une nouvelle gamme de fusils à plasma. Quant à la paternité des textes attribués à Shakespeare, elle est largement discutée et remise en question par les aficionados de Francis Bacon.
J’avais lu ce premier volume en 2005 – pfiou, ça ne nous rajeunit pas… – et je le redécouvre avec le même bonheur. J’y ai même pris plus de plaisir, car j’ai depuis lu un certain nombre de titres cités dans l’intrigue. L’érudition de l’auteur est mise au service de l’humour, tant dans les situations que dans la construction des personnages. Que pensez d’une femme qui s’appelle Paige Turner ou d’un autre qui s’appelle Millon De Floss ? Bon, c’est vrai, il faut savoir un peu d’anglais pour comprendre, et moi j’ai pouffé à de nombreuses reprises en lisant ce bouquin ! Et je vais continuer à glousser et à me régaler avec la suite de cette série hautement littéraire !