Recueil de poésie de Fanny Chiarello.
« Ce recueil est le journal d’une relation vécue de juin 2016 à février 2017. Sa première version était beaucoup plus volumineuse puisqu’il réunissait nos deux points de vue […], qui se faisaient écho ou s’égratignaient. Nous l’avions intitulé Pas de deux. Voici Pas de côté, mon chemin solitaire dans cette histoire, des prémices aux derniers soubresauts. » (p. 9)
La narratrice parle de cette merveille qu’est l’amour naissant, des emballements cardiaques qu’il suscite et des papillons abdominaux qu’il relâche. « puis enfin / rien ne peut plus se mettre entre nous sur la voie 46 / un acarien essaierait en vain » (p. 33) Il y a des voyages en train pour s’atteindre et s’étreindre, de longues attentes que les caresses tentent d’effacer, des réflexions sur la vie en général, des instantanés d’existence. « elle a du charnu – un charmant charnu – mais qui sait si elle n’en est pas complexée si elle ne tend pas à s’en délester par la course à pied / car certaines filles, c’est ainsi, ne savent pas voir le charme de leur charnu et souffrent pour tenter de le conjurer / elles courent moins vite que moi » (p. 14) Mais l’amour, c’est aussi parfois ou souvent de la peine, de tristesse et du désenchantement. Il peut prendre la forme d’une ancienne relation qui peine à s’éteindre ou simplement celle de la mort d’un chat, compagnon de nombreuses nuits et de longues années. « le samedi matin est violent quand je croise dans l’escalier le squelette de celle que je détruis en existant » (p. 18) L’autrice sait pousser des coups de gueule contre la bienséance et réaffirmer le droit au chagrin, mais aussi chercher à échapper à ce dernier. « vous êtes nombreux à me dire / comment gérer la douleur / alors ce qu’on va faire c’est que / je vous la confie / vous me la rendrez quand elle sera / mieux éduquée / moi, je vais apprendre une langue étrangère » (p. 71)
Qu’il est difficile d’écrire sur la poésie. Mais qu’il a été doux et bon de se plonger dans ce recueil ! En fin d’ouvrage, Fanny Chiarello émaille ses mots de photos d’extérieur, comme s’il s’agissait pour elle de se réapproprier la géographie de son quotidien, d’en évacuer l’autre pour pouvoir à nouveau le parcourir sans frémir à chaque pas. C’est simple, c’est fort, c’est beau. Cette poésie non rimée, cette prose poétique qui se hâte, n’a pas le temps de reprendre son souffle : en une inspiration, elle veut tout dire. Et en cela, la poétesse ne s’embarrasse pas de ponctuation ou de majuscule. Tout doit couler, tout doit s’enchaîner. Et il n’est que les retours à la ligne qui marque la page et offre un petit répit dans l’affolement amoureux. Ah, et sinon, c’est une histoire d’amour lesbienne, mais on s’en fout. C’est une histoire d’amour.