Alain est le narrateur de cette histoire. Son histoire ? La quarantaine mal épanouie, Alain est un acteur sans rôle, ce qui est pire que d’être mauvais. « Les gnous savaient ce qu’il leur fallait, moi je ne l’avais jamais trop su. J’étais donc plus con qu’un gnou. » (p. 38) Il se passionne soudainement pour les noms que l’on donne aux poneys. Et sinon, tous les dimanches, il visite sa grand-mère dans un mouroir au nom poétiquement trompeur. Les Magnolias. Il aime ces moments avec cette vieille femme quasi sourde et qui oublie peu à peu tout de sa vie. « Je me sens presque en mission, garant des derniers moments joyeux qu’elle passe sur cette terre. » (p. 12) Un dimanche, l’aïeule lui demande de l’aide pour mourir. Commence alors une semaine pendant laquelle Alain visite sa grand-mère tous les jours et découvre de vieilles histoires de famille.
Avec sa vieille Fuego pour monture, Alain a tout d’un chevalier à la triste figure. Il souffre d’un cruel manque d’amour que les étreintes tarifées avec Rosie ne suffisent pas à étancher, pas plus que l’amitié de Rico, agent autant que voyou, adepte des plans plus ou moins foireux. Les relations avec ses parents sont plus que distantes et c’est à peine s’il connaît cet oncle qui visite la vieille dame aux Magnolias. À la mesquinerie des familles qui abandonnent leurs seniors dans des lieux sordides, Alain oppose un humour désabusé et cynique, un peu insolent. Et c’est aussi sa vie qu’il passe au travers de ce filtre, pour brouiller son chagrin diffus, mais omniprésent. Étrangement, la demande de sa grand-mère entraîne de nombreux changements. Comme si la fin de vie de l’une était le début de celle de l’autre, dans un passage de relais aussi inévitable qu’émouvant. « Ma vie n’avait pas été aussi près de basculer depuis une éternité. Depuis trop longtemps, elle était aussi triste qu’une rangée de tables dressées dans un restaurant vide. » (p. 5)
Je découvre l’auteur avec ce roman et je suis immensément séduite par sa plume simple et brute, directe comme un coup en plein cœur. Le texte est court, percutant, et je sais déjà que je lirai les romans précédents de Florent Oiseau. Je découvre ici un style qui ne cherche pas être ni à faire beau, mais qui l’est tout de même, parce qu’il parle vrai.
Demain, j’aurai la chance d’animer demain une rencontre en ligne avec l’auteur, dans le cadre de l’initiative Un endroit où aller. Pour donner de la visibilité aux auteurs ayant publié un roman en début d’année et qui ont été contraints d’annuler les rencontres en librairie, le dispositif propose presque chaque jour, en fin d’après-midi, une rencontre entre un auteur et un libraire/acteur du monde du livre. Lili, petite blogueuse, grâce aux contacts de Fabienne de Place Ronde, mettra donc ses petits souliers et discutera avec Florent Oiseau de son livre ! Toutes les informations en suivant le lien en début de paragraphe !