Joséphine encaisse plutôt mal sa rupture amoureuse. Et puisqu’il lui faut trouver un nouvel appartement, elle a besoin d’un peu plus d’argent que son salaire. Elle accepte de rendre quelques services à Céleste, une vieille dame en fauteuil roulant. Très vite, l’aïeule se montre perspicace et trouve les failles de la jeune femme. « Je me demande comment tu parviens à marcher sans tomber avec un cœur si lourd. » (p. 10) Joséphine est paumée, alors autant qu’elle jette les maigres boussoles auxquelles elle se raccroche. C’est le moment de faire place neuve, et avec l’aide de Céleste et de son bon sens à l’ancienne, elle ose interroger son identité, ses désirs et le sens de sa vie. De méditations en relaxations, Joséphine déconstruit minutieusement son égo et les schémas prédéfinis qu’elle avait intégrés plus ou moins consciemment. « Si je résume : tout ce que je pense être, ce n’est pas moi, enfin si justement, c’est le MOI, mais ce moi, ce n’est pas le vrai. » (p. 31 ) Elle rédige des mémos, elle se promène en forêt, elle prend le temps de rêver à nouveau. Bref, c’est par l’acceptation que commence le renoncement. En s’affranchissant de ses peurs et en découvrant le passé de Céleste, Joséphine embrasse sa propre existence.
L’autrice a un vrai talent pour les dialogues qui sont dynamiques, rythmés, crédibles et drôles. J’ai trouvé le narratif moins fluide, parfois engoncé dans des phrases un peu trop longues et des expressions toutes faites. Toutefois, j’ai apprécié les métaphores et nombreuses images qui permettent d’aller au fond des choses et de voir au-delà du voile et de l’ombre. Roman ou ouvrage de développement personnel ? À vous de voir et d’en tirer le meilleur ! Tout le monde n’a pas la chance de rencontrer une Céleste, autant maître zen que psy, mais chacun a la faculté de se réinventer, se reprendre en main et de se laisser enfin vivre. Ce genre de texte n’est pas ce que je consomme habituellement : je préfère les écrits bien denses des classiques ou les histoires plus sombres. Avec ce premier roman très feel good, Agathe Vauvillé montre une plume intéressante qui ne peut que s’affiner par la suite. Et ce livre est surtout une fabuleuse porte ouverte sur le devenir, alors saisissez-la !