Un monstre nu sort d’une forêt et mord un nourrisson qui n’y survit pas. Le tueur est arrêté et commence alors son procès. « Voilà les preuves : le croqueur a été trouvé dans les bois, juste à côté de la maison. Du sang coulait encore à la lisière de ses gencives. Quand on l’a arrêté, il n’a montré aucune résistance, il avait les yeux vides. Il ne s’est pas révolté. » (p. 30) Jamais un homme n’aurait fait cela, n’est-ce pas ? C’est forcément un animal, une bête. Et de fait, c’est un cochon que l’on juge.
Les procès d’animaux étaient chose courante au Moyen-Âge, période moins spéciste que la nôtre qui estimait que les bêtes avaient une âme (mais c’est un autre sujet). L’histoire ne se déroule pas à l’époque médiévale, mais dans un temps proche de nous, plus civilisé comme certains voudraient le penser, mais où la peine de mort était encore pratiquée. Que penser alors de cette justice impitoyable qui traite tous les meurtriers de la même manière, jusqu’à l’absurdité totale ? Aveugle sans aucun doute, et indéniablement vaine. Le texte passe du roman à la pièce de théâtre, montrant plus clairement encore la mascarade d’un procès stupide qui ne sert que la justice humaine. L’œuvre est courte, percutante, dérangeante, brillante !