Bande dessinée de Xavier Dorison et Félix Delep.
Les hommes ont quitté le Château. Les animaux se sont organisés pour survivre, mais sont-ils plus libres qu’avant ? Tandis que le taureau Silvio profite du confort du château et que les chiens organisés en milice font régner l’injustice, les autres animaux s’échinent à remplir le grenier central et à construire une nouvelle tour de guet. Après une nouvelle exécution aussi cruelle qu’injuste, certains habitants décident que tout doit changer. « Il faudra se souvenir de ce jour, Miss B. / Oui, comme du jour de la mort d’Adélaïde… / Non ! Comme du dernier jour où nous n’avons rien fait. » (p. 9) Miss Bengalore, jolie chatte blanche, s’épuise toute la journée pour gagner sa pitance et défendre ses chatons. Avec l’oie Marguerite et le lapin gigolo César, elle réclame une répartition équitable des ressources, en vain. Avec l’arrivée du rat Azélar, qui raconte comment un petit fakir a tenu tête à un empire, c’est tout le château qui pourrait bien trembler. « Il est bien plus aisé que vous ne l’imaginez de vaincre la haine par l’amour, le mensonge par la vérité… et la violence par l’acceptation d’un peu de souffrance. » (p. 50)
Hommage évident à La ferme des animaux de George Orwell, cette bande dessinée n’hésite pas à montrer des images très graphiques. Avertissement : si vous êtes comme moi très sensibles à la souffrance animale, ouvrez cet ouvrage avec précaution. Il y a 2 pages qui m’ont véritablement coupé le souffle et soulevé le cœur. La jolie Bengalore et le coquin César sont des protagonistes attachants. Et voir la désobéissance civile prônée par Gandhi exercée par des animaux de basse-cour, c’est loin d’être bouffon. Bien au contraire, cela remet en perspective bien des systèmes politiques.