Présentes – Ville, médias, politique… Quelle place pour les femmes ?

Texte de Lauren Bastide.

L’autrice est la créatrice du podcast La Poudre qui donne la parole aux femmes. Dans cet ouvrage, elle compte. Parce que c’est en comptant que l’on prend conscience de la sous-représentation des femmes dans tous les espaces et médias. Les statistiques et chiffres composent une démonstration irréfutable : les femmes sont encore largement minoritaires, partout. « Ça fait des siècles qu’on associe le discours des femmes à une certaine forme d’irrationalité, voire d’hystérie, qui préconditionne toutes leurs prises de parole publiques et façonne les perceptions de leurs discours. Les femmes sont condamnées à être les Cassandre de la société, celles qui disent toujours la vérité et qu’on ne croit jamais. » (p. 183) Alors, pour se faire entendre, elles créent des espaces pour parler des sujets qui les concernent – et tous les sujets les concernent – puisqu’on ne leur donne pas ou peu ou mal la parole dans les espaces existants, souvent dirigés par des hommes et principalement ouverts aux hommes. « C’est pour moi le geste le plus féministe qu’on puisse accomplir : créer des espaces où les récits des femmes peuvent se déployer sans entrave. » (p. 199) Mais au-delà de ça, il faut adapter les espaces, tous les espaces, aux femmes et non l’inverse. Et leur ouvrir tous les espaces : public, artistique, scientifique, médiatique, politique, sportif, etc.

Laurent Bastide aborde de nombreux sujets qui tous rejoignent la question du féminisme : intersectionnalité, patriarcat, validisme, lesbophobie, grossophobie, homophobie, racisme, harcèlement de rue, port du voile, mansplaining, cyberharcèlement, plafond de verre, plafond de mère, etc. « J’aimerais ne plus entendre que le féminisme constitue une sorte de police de la pensée qui obligerait la société à se conformer à sa vision. » (p. 181) Le ton est assez piquant, mais surtout limpide, criant d’évidence et hurlant de vérité. L’autrice emploie les mots justes, surtout s’ils fâchent. Les notes de bas de page sont pertinentes non seulement parce qu’elles renvoient à des sources qui semblent innombrables, mais surtout parce qu’elles donnent le nom des hommes en tout petit : dans le corps de texte, c’est celui des femmes qui est au centre, pas celui de leurs bourreaux et pas celui des oppresseurs. Et la bibliographie en fin d’ouvrage est monumentale, à double titre : grand nombre de références et mise en avant de productions féminines.

L’amie qui m’a offert ce livre estime que chaque femme devrait l’offrir à une autre femme, pour que toutes aient accès à cette démonstration indispensable. Et pour moi, cette lecture a été aussi fluide et impactante que Moi les hommes, je les déteste.

Quelques extraits pour vous convaincre de lire ce texte !

« J’ai voulu écrire un livre engagé et radical. J’ai voulu aussi écrire un livre accessible et convaincant. » (p. 7)

« Pour que les femmes soient respectées, crues, valorisées, il faut, avant tout, œuvrer à ce qu’elles soient vues et entendues. » (p. 9)

« Ce qu’il y a de plus redoutable dans l’invisibilisation des femmes, c’est qu’elle est invisible. » (p. 9)

« Les femmes sont invisibilisées partout où l’on produit de la connaissance, partout où l’on contribue à modeler l’inconscient collectif de la société. Et il ne peut pas y avoir de société juste si les représentations collectives se construisent en oubliant la moitié de l’humanité. » (p. 16)

« Il y a une urgence à dire le nom des femmes et à faire applaudir leurs accomplissements. » (p. 18)

« Vous pensez sûrement que j’exagère, mais c’est ça, le quotidien du féminisme en France. Des femmes qui disent des choses sensées et qui se font aussitôt insulter. » (p. 47)

« La blanchité, comme le masculin, est un faux neutre. Un point de vue qu’on présuppose objectif alors qu’il est, comme tout point de vue, fait de biais et d’imprégnation culturelles inconscientes. » (p. 104)

« Oui, Internet, c’est de la bombe. Mais c’est aussi un espace où les violences contre les femmes sont considérées comme allant de soi. » (p. 154)

« Les femmes sont mes sœurs et j’agis pour cela, pour manifester une communauté de destins avec toutes celles qui subissent, comme moi, l’oppression patriarcale. » (p. 238)

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